Vive le petit producteur!

Vive le petit producteur!

sam, 27/03/2021 - 08:30
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La venue imminente du printemps? Déjà nous avons hâte de fréquenter les marchés publics où nous retrouverons avec la même joie presque enfantine les produits du terroir et ceux qui travaillent à rendre tout cela possible. Après tout, Small is beautiful (E.F.Schumacher).

Pour qu'il en soit ainsi, il faut, non seulement y croire fermement, mais encore s'accrocher à notre rêve de voir un jour les règles qui régissent le domaine agricole québécois s'assouplir pour enfin accueillir ces autres façons de produire. Ce sont deux mondes différents que ceux de l'agriculture industrielle et de l'agriculture artisanale du terroir. Les propriétés organoleptiques issues d'un produit artisanal ne peuvent se retrouver dans un produit industriel. Inutile d'espérer; elles se sont perdues en chemin...

Le petit producteur peut élaborer une qualité de produit que n'atteint que rarement le producteur à grande échelle. C'est par défaut que nous nous approvisionnons aux supermarchés, car si nous avions réellement le choix, peut-être que la plupart d'entre nous irions vers les petits producteurs locaux, leur assurant par le fait-même non seulement la subsistance, mais encore un revenu décent, sans que ce dernier n'ait recours aux subventions sur lesquelles comptent les grandes entreprises agricoles. Elles en ont besoin pour atteindre les volumes de production requis et demeurer opérationnelles.

Plus le temps passe, plus le savoir-faire artisanal se perd. Nos mères et nos grand-mères faisaient leurs cretons, leur pain, leur boudin, leurs conserves, tout cela dans les règles de l'art. À ceux et celles qui répliquent que ce serait régression que de retourner en arrière, il faut répondre qu'on ne saurait nier le fait que notre assiette a grandement évolué, qu'elle s'est heureusement diversifiée, s'ouvrant à d'autres cultures avec force saveurs et couleurs. Il faut rappeler premièrement, l'importance de valoriser ceux et celles qui ont le souci de produire pour mieux s'alimenter localement et en saison et deuxièmement, l'importance de reconnaître l'aliment du terroir pour enfin savoir ce que l'on mange. Le quotidien s'enrichit de telles activités et la qualité de l'alimentation s'en trouve accrue. Si les supermarchés ont leur raison d'être, les artisans producteurs aussi, qui aiguisent nos consciences par leurs connaissances en agriculture et en jardinage, leurs plus grandes qualités étant l'accessibilité et le lien qu'ils entretiennent avec la terre et l'écologie. Le retour aux sources n'est pas régression.

Présentement, notre santé est tributaire d'un système alimentaire axé sur la plus grande quantité possible au plus bas prix possible. Combien en coûte-t-il à nos gouvernements pour entretenir un tel système et entendre maintenir en santé une population qui n'a d'autre choix que d'espérer que les politiques agricoles québécoises changent pour permettre enfin la prolifération des petits exploitants autonomes qu'elles semblent redouter... compte tenu de leur manque d'ouverture à l'agriculture sur les petites fermes. Au contraire de ce que nous croyons, plus nombreux sont les intermédiaires entre nous et les producteurs, moins le produit pourra offrir la qualité optimale du terroir d'origine parce que sa vraie nature est compromise et possiblement altérée. Le fermier artisan devrait pouvoir librement faire le commerce des produits de sa ferme. Les deux modèles pourraient-ils évoluer parallèlement?

Afin d'élargir nos horizons et réfléchir sur la question, trois lectures : La ferme impossible de Dominique Lamontagne, 2015, chez Ecosociété, la magnifique BD Le nouveau monde paysan au Québec de Stéphane Lemardelé, 2019, chez La Boîte à bulles, Les champs de bataille de Roméo Bouchard, 2014, chez Ecosociété. Ces auteurs travaillent pour un monde meilleur. Lisons-les.