Ars Longa Montréal

Ars Longa Montréal

jeu, 27/06/2024 - 07:22
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Après vous avoir fait le récit de l’aventure de la discothèque Isaza Bar Latin, je vais vous raconter mon déménagement en 2003 pour agrandir mon espace d’atelier.

Je suis dans la galerie à lire le magnifique livre « Femme fleuve » d’Anaïs Barbeau-Lavalette, coup de cœur Renault-Bray. Merci Jocelyne Caron de me l’avoir prêté.

Anaïs, est la petite fille d’un peintre, Marcel Barbeau qui a signé le « Refus global » avec Borduas, Marcel Ferron, Françoise Sullivan, Riopelle et d’autres.

 Elle y parle du désir de la femme qu’elle est, près du fleuve, d’une histoire passionnelle quelle s’autorise. Ce désir lui sert de prétexte à parler des couleurs, surtout du bleu, des bleus, ce jusque dans les recherches scientifiques. À travers ce récit, je me reconnais comme femme qui a préférée toute sa vie, désirer au lieu de plaire passivement.

Après vous avoir fait le récit de l’aventure de la discothèque Isaza Bar Latin, je vais vous raconter mon déménagement en 2003 pour agrandir mon espace d’atelier.

J’ai visité plusieurs lieux : une église et un presbytère qui étaient en vente dans Hochelaga.

Mon choix, un grand espace commercial de 9000 pieds carrés sur 2 étages : un rez-de-chaussée et son sous-sol. J’ai vendu mon appartement condo divise sur Ste-Rose et fait l’acquisition du 2320 sur Mont-Royal Est à Montréal.

C’était une ancienne manufacture de vêtements, transformée au premier étage en 3 logements condo, au rez-de-chaussée, et au sous-sol, y était administrée une friperie.

Tout était en béton. Je pouvais y habité sur 500 pieds carré à même le local commercial.

Tous les services de salle de bain, rez-de-chaussée et au sous-sol était fonctionnels, il me restait à aménager un comptoir de cuisine et une baignoire ancienne, ma chambre et un bureau.

 En septembre 2003, je prends possession du 2320, Mont Royal Est de Montréal pour en faire une grande salle d’exposition, des ateliers d’artistes, des salles de cours, dont les activités porteront le nom de L’espace Ars Longa de l’expression latine sur l’écusson de l’école des beaux-arts de Québec, signifiant que l’Art est plus long que la Vie, dans la citation complète : Vita Brevis, Ars Longa.

L’édifice est attaché au voisin par les murs mitoyen sauf quelques-uns que j’ai à isoler en rallonge, puisqu’ils étaient en bloc de ciment nu. Avec les rayons de bibliothèque que m’avais laissée l’occupant précédent, j’ai divisé en atelier à louer aux artistes. Plusieurs d’entre eux, m’avaient appuyé dans mes démarches de financement en m’écrivant une lettre d’intérêt pour y travailler. Ainsi, j’ai pu faire affaire avec la Caisse de la Culture, rue St-Jacques qui se spécialise dans l’appui aux artistes au commercial.

 La salle d’exposition s’ouvrait en vitrine sur la rue Mont-Royal dans les dimensions de 32x48 pieds. Elle était louée pour 1 ou 2 semaines aux artistes qui désiraient gérer complètement leur accrochage et la vente de leurs œuvres. Le même automne, était inauguré une exposition d’une semaine en fin novembre et ensuite à chaque année, intitulé « Petits formats Noël » dont l’idée et le mérite revient à Paule Lévesque. Chacun des 10 artistes avait 4 mètres d’accrochage et devait assurer sa présence toute la durée de la semaine. Les tableaux aussitôt achetés, aussitôt emballés, l’amateur partait parfois avec 1,2 ou 3 tableaux à 100$ chacun, ainsi l’artiste pouvait accrocher de nouveaux tableaux. Nous avons fait un malheur avec cette formule. Lors du décrochage à la fin de la semaine, nous avons fait le bilan des ventes, 200 tableaux vendus en une semaine pour le montant de 20 000$. Nous avons eu comme présidente d’honneur pour ces évènements, Aline Desjardins, Louise Harel, Francine Grimaldi etc.

Chaque artiste gérait son exposition solo, dont certains venus d’Abitibi : Carmen Branconnier, Virginia Pésémapéo-Bordeleau, Jeannot Hamel, Hélène Goulet, Christine Vien, Réal Calder, Jacques Clément et Josée Perreault à son retour de Chine.

Dans l’autre espace au sous-sol, avait lieu les ateliers libres de modèles vivants, croquis, pose longue, dessins poussés, portraits, marouflage, gravure, peinture, bâton à l’huile, acrylique dispensé par les artiste suivants : Julie Bélanger, Jacques Clément, Lilianne Fortier, Hélène Goulet, Adeline Rognon, Michel Monette et moi-même Louisa Nicol.

Les ateliers d’artistes étaient vers l’arrière au rez-de-chaussée au même niveau que la salle d’exposition dans un espace de 48x64 pieds.

Les artistes se sont mis à l’œuvre dans les espaces prévu à cet effet : Alain Degneault, Martine Savard, Adeline Rognon, Catherine Burry, Monique l’Heureux, et Winston Mcquade.

Je remercie tous ceux qui ont participé à cette aventure et plus particulièrement nos modèles qui sont sources d’inspiration pour nous les artistes, que ce soit pour les cours à l’UQAM, aux ateliers de croquis de Radio-Canada pendant 45 ans et à Ars Longa.

Nos modèles vivants qui sont parfois sportifs (tives), danseurs (seuses), comédiens (nes) qui connaissent l’expression « L’équilibre, l’art de se déposer dans notre vie créatrice.» : Pascale Bernardin, Georges Bates, Raymond M. Boucher, Raynald Bourgeois, MarieClod Bourques, Jadson Caldeira, Lyne Charlebois, Lisette Duquette, Marie-Claude Gervais, André Fareau, Valérie Fardin, Marie Gauthier, Julia, Alex Cantas, Vadim Kroll, Johanne Lalonde, Félicitas Laurenzetti, Dulcinée Langfelder, Rose-Marie Lebreton, Ghislin Lévesque, Claudine Malard, Diane Maurais, Jocelyne Montpetit, Murray Mckay, Dominique Porte, Adeline Rognon, Suzanne St-Michel, André Sauvé, Lyn Sneling, Roland Smith, Maryline Veilleux et Eroll Wod.

 Les expositions se sont terminées en 2011 par une exposition «Mon Anatolie » présentée par Huguette Bouffard sur le peintre turc Eyuboglu. Durant 8 ans « Ars Longa » était le cœur de ma vie. J’ai reçu les nouvelles taxes municipales en 2011, elles étaient passées de 6000$ en 2003 à 22 000$ en 2011. Je ne pouvais pas augmenter les loyers, ni le prix des cours, car j’aurais eu moins d’élèves et moins de location de la salle d’exposition.  Je me résigné à vendre. Aujourd’hui ce local est devenu un hôpital vétérinaire. C’est ça la gentrification.