Sorcière? Non. Sauvage? Oui!
Au jardin ou en forêt, vous pouvez trouver tout ce qu'il vous faut pour vous composer une petite salade de plantes printanières accessibles parce qu'implantées partout.
Les autochtones disaient ''Oui! Les plantes comestibles apportées par les blancs! Bien sûr! Nous les connaissons!'' Quand ils sont arrivés d'Europe, sans le savoir les Européens ont contribué à la prolifération de ces plantes dont les semences s'étaient accrochées aux bottes, aux vêtements, etc. Elles ont donc proliféré en abondance, si bien que nous avons tendance à les qualifier de mauvaises herbes... sauvages dans leur habitat naturel. On sous-estime ces verdures et on aurait avantage à considérer leurs valeurs nutritives et parfois médicinales.
Ces mal nommées indésirables, sont en effet une source inestimable de précieux minéraux, d'hormones naturelles, de dépuratifs (au même titre que les asperges) et complètement adaptées à la nouvelle saison, parce que tendres, propres de telle sorte qu'elles nous séduisent par leur fraîcheur. Cueillez ces merveilles, passez-les brièvement à l'eau, épongez-les et mélangez-les à vos salades pour plus de fraîcheur, en attendant que vos laitues, fines herbes et roquette vous invitent et vous comblent...
Cependant cueillez boutons de marguerite et ses feuilles avant la floraison car, comme c'est le cas pour plusieurs d'entre elles, la floraison faite, les feuilles présentent un peu plus d'amertume. Elles peuvent quand même trouver leur place à l'année au menu de tous ceux qui considèrent ces cadeaux comme le fruit d'une découverte heureuse, d'une exploration saine qu'une recherche d'authenticité justifie. En principe, aucun pesticide ne les altère. Les voici donc, suite à la marguerite, toutes ces plantes qui poussent dans des sols pauvres, mais qui apparaissent dans nos jardins si on les y invite.
Petite oseille, orpin, chou gras, ortie dioïque, oxalide, plantain majeur, pourpier, etc. Celles qui abondent : le gaillet et le pissenlit ou dent-de-lion. Ces deux-là méritent notre attention parce qu'elles nous permettent de nous familiariser facilement avec leur introduction au menu printanier. Le gaillet pousse partout sous notre nez et on peut en dire autant du pissenlit dont on favorise depuis quelques années la floraison, première grosse récolte des abeilles, la miellée de pissenlit, une manne sacrée assurant leur survie. Patience la tondeuse! Ainsi, elles partent en force vers l'été et les autres floraisons à butiner, souvent sauvages, dans nos régions nordiques. Quant au gaillet, si vous ne pouvez l'identifier maintenant, vous le reconnaîtrez facilement plus tard en saison au fait que leurs toutes petites graines, au sommet d'une tige souvent longue d'un mètre, s'accrochent à vos vêtements ou à la fourrure des animaux grâce à de minuscules crochets (on ne parle pas ici de la bardane à grosses toques). Cueillez le gaillet de préférence au printemps, alors qu'il forme de petites talles compactes.
Des boutons de marguerite et de ceux du pissenlit, on peut facilement faire des câpres pour agrémenter vos mets. La cueillette demande un peu de constance puisqu'il faut près d'une heure pour obtenir une tasse... Le jeu en vaut peut-être la chandelle? Voici : Une tasse d'eau, une tasse de vinaigre de cidre, une c. à soupe de sel de mer et deux tasses de boutons de marguerite ou de pissenlit. Mélanger l'eau, le vinaigre et le sel et porter à ébullition. Réduire le feu au minimum. D'autre part, blanchir les boutons 30 secondes dans l'eau bouillante. Empoter les boutons, verser la saumure chaude et fermer le couvercle. Cette préparation se conservera environ deux mois au réfrigérateur. Pour avoir des conserves stables en étagère, couvrir vos pots d'eau et faites bouillir pendant 12 minutes après l'empotage.
Cette méthode est tirée du livre FORÊT, identifier, cueillir et cuisiner, Gérald Le Gal et Ariane Paré-Le Gal, Éditions Cardinal, 379p., p. 46. Sujet saisonnier inépuisable sur lequel il y aurait beaucoup à dire encore...
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