Ironiquement, quelque chose de léger...

Ironiquement, quelque chose de léger...

dim, 23/06/2024 - 09:43
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OK! Quelque chose de léger. Une déconnection de la réalité... ou plutôt le contraire, soit une pleine conscience du moment présent. Ce qui n'assure pas nécessairement la légèreté.

Voilà. Ça va mieux. Je ne suis pas encore menacée. Je survivrai. Il suffit d'orienter mes pensées vers la beauté où qu'elle soit. Les fleurs aux couleurs chatoyantes, peut-être, si elles ne sont pas encore synonymes de proies. Ce cauchemar prendra fin. Rien ne dure. Tout se crée, tout se transforme. Tout déménage, même les forêts. Il leur faut du temps, voilà tout! Quant à celles qui ont brûlé à l'été 2023, disons qu'elles n'ont eu d'autre choix que de faire de la place à la nouvelle génération d'arbres qui viendront assurément sous une autre forme, celle de feuillus, envahir les espaces de désolation...

Quels tristes propos! Allons vers plus de légèreté, même si je peine à trouver des idées!

La saison est pénible à certains égards... vous aurez remarqué la présence de la Livrée des forêts en juin? Certains endroits sont plus affectés que d'autres, mais quand on ne peut faire un pas sans en écraser deux ou quand on ne peut sortir de la maison sans en adopter au passage trois ou quatre comme décoration à son chapeau de paille, il est fort possible qu'elles élisent domicile entre nos murs... pas de panique! Ce n'est qu'un passage un peu difficile, pour nous comme pour la forêt.

La forêt se remettra de la Livrée, mais elle aura le lourd fardeau de produire une deuxième feuillaison cette même année pour survivre... ou pas! En attendant ce retour de la verdure à la verticale, les feuillus sont devenus fantômes : on peut voir à travers, comme en hiver! La chenille constitue une armée qui avale tout ou presque sur son passage! En moins de cinq jours, elle déshabille un feuillu au luxuriant feuillage qui faisait de l'ombre au sol et là, c'est la lumière que plus rien n'empêche de rejoindre le tapis de verdure. Que faire? Il n'y a rien à faire, surtout si elles sont en trop grand nombre. Vouloir les combattre équivaut à se décourager puisqu'aussitôt chassées à grand coup de balai, elles reviennent de plus belle dans les dix minutes qui suivent pour se rappeler à votre bon souvenir... La déprime!

Elles sont pourtant belles avec leur cascade de fleurs de lys sur le dos. Agiles, rapides, velues à souhait, elles sont prêtes à toutes les acrobaties pour nous divertir de nos occupations routinières. Déjà pourtant, je sens un ralentissement, une certaine fatigue pour la plupart d'entre elles – ou de nous! Elles deviennent comme engourdies, saoules de photosynthèse. J'ai même trouvé quelques débuts de cocons... espérons que la mouche sarcophage a bien effectué son travail! Sinon, il se pourrait bien que la Livrée revienne l'an prochain passer ses vacances dans votre verger, les fleurs à peine écloses. Nous les verrons encore, voraces à nouveau, avides de transformation du paysage en gris, résultat de la défeuillaison des sommités, de toute la canopée, en somme. Rien de moins, la totale! Tout sauf léger.

La vie se manifeste sous toutes ses formes, belles et moins belles. Tous les phénomènes nous sont donnés à vivre, à nous qui sommes vivants et conscients de leur éphémère passage. Nous ne sommes pas obligés de voir tout leur processus comme inévitable. Ni de considérer cet anneau inerte autour de la branche enfilé, berceau de la Livrée X mille, comme un symbole de son union avec l'arbre, un mariage en quelque sorte qui assurera sa subsistance le moment venu, quand toutes les conditions idéales seront réunies. Tout est en place pour que l'un soit dévoré par l'autre sans possibilité de divorce. Et tout se fait naturellement, sans consentement. Il ne restera à l'arbre que la mince possibilité de se reconstruire et il n'y parviendra que si toutes les conditions idéales sont réunies. On appelle cela la résilience. Le monde entier est fait de résilience. À fond de train ou pas du tout. Bonne chance!