Un courrier du cœur

Un courrier du cœur

sam, 01/02/2020 - 09:35
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En ce mois de février, mois du coeur, quoi de plus tentant que d'écrire sur l'amour...

Autrefois, les petits journaux se targuaient de présenter à chaque édition une chronique intitulée «Courrier du cœur». Dans les petits milieux où tout le monde se connaît, le requérant avait le souci de l'anonymat avant de demander conseil au répondant, homme ou femme, qui allait tenter de jeter un baume sur son cœur brisé, dans la mesure où c'était un cœur brisé qui cherchait de l'aide, se débattant dans l'incompréhension totale.

Aujourd'hui, l'équivalent n'existe peut-être plus puisque d'autres solutions se proposent à celui ou celle qui cherche des réponses à ses questions, comme par exemple, la consultation ou des lectures capables d'offrir à tout le moins la perspective nécessaire au détachement que la situation requiert. À moins que les peines d'amour ne soient simplement dues au fait que nous sommes assimilés à une société du prêt à jeter, de l'éphémère, de la surconsommation, terme qui s'applique désormais aux personnes comme aux choses dont les dépotoirs débordent.

Admettons-le : personne n'est irremplaçable. De là à faire place nette sur un coup de tête, il y a une marge à respecter. C'est renoncer à comprendre l'autre avant même de choisir de travailler à préserver ce qui mérite de l'être dans une relation, avant même de choisir de pratiquer l'ouverture requise pour amorcer un dialogue constructif, quitte à en finir.

Ce choix ne préserverait personne de la rupture, la liberté étant bien la première valeur prédisposant à l'amour car, dans la mesure où l'on exige pour soi-même une totale liberté, on doit pouvoir l'accorder en retour. Si donc l'un des partenaires désire mettre fin à la relation, force est d'admettre qu'il est libre de facto. Il l'était de rester, il l'est autant de partir. Mais... tout est dans la manière de mettre fin à la relation afin que le respect, deuxième valeur prédisposant à l'amour, puisse être ressenti de part et d'autre, toujours dans le souci de préserver la conscience de ce cadeau d'amour qui a duré, ne fut-ce que trois mois, trois ans ou trois décennies.

Il arrive que la maladresse tienne lieu de moyen d'expression, lors d'une rupture. À moins qu'elle n'évolue en réelle intention de blesser l'autre et de l'humilier. Cette manière cavalière de tourner la page a le mérite d'être claire et pire encore : efficace, de telle sorte que celui qui subit n'aura d'autre choix que de prendre ses jambes à son cou pour fuir, avec l'amour propre qu'il lui reste, ce qu'il n'a pas vu venir ou ce qu'il ne pouvait deviner.

Quoi qu'il en soit, les deux survivront. Le temps fait bien les choses. Personne ne peut prétendre pouvoir juger l'autre, encore moins le condamner, car des éléments manquent toujours pour comprendre les raisons qui l'amènent à décider de rompre.

Les blessures du cœur témoignent d'un vécu amoureux réel, mais elles finissent toujours par se cicatriser et si leur souvenir ne garde pas trop d'amertume, la guérison est assurée. Bonne St-Valentin!