On rafistolait les jouets des enfants, et aussi leurs chicanes. Entre conjoints, on effaçait les séquelles d’une dispute, on surmontait nos différences et on continuait d’avancer.

Les rares couples qui atteignent aujourd’hui 50 ans de vie commune ont été confrontés à une exténuante course à obstacle. À l’image du coureur de marathon à bout de souffle qui a, en franchissant  la ligne d’arrivée, une poussée d’adrénaline qui  atténue ses souffrances et le dope pour le prochain défi, ces vieux couples ont des chances de finir leur vie ensembles.

Aujourd’hui, l’obsolescence frappe de plein fouet non seulement une foule de produits de consommation mais aussi les couples. Même si la date de péremption n’est pas estampillée sur le front des conjoints, sauf de rares cas, elle existe bel et bien.

«Il y a des séparations et des familles recomposées de plus en plus tôt et de plus en plus fréquemment», soulignait récemment  Philippe Pacaut, démographe au Ministère de la Famille.

Monsieur Pacaut remarque qu’en Amérique du Nord, le Québec est considéré comme un peu original sur le plan de la transformation de la famille. On ne ressemble peut-être qu’à la Scandinavie. La tendance ralentit mais ne fait pas mine d’arrêter.

C’est chez les conjoints de fait que la séparation précoce est la plus fréquente. Les couples mariés, que ce soit au civil ou à l’église, durent un peu plus longtemps même si une majorité ne dépasse pas 7 ou 8 ans.

Selon Hélène Desrosiers, démographe à l’Institut de la statistique du Québec, la médiane des séparations a lieu quand l’enfant a 3 ou 4 ans dans le cas des unions libres et 7 ans dans le cas des mariages.

«On devrait fêter le décès et pleurer le mariage, proposait quelqu’un, klaxonner au cortège funèbre et gémir à celui des mariés, car la mort dure plus longtemps que le mariage».