Et peu à peu, c’est le moral qui commença à grincher. Pas habitué à l’immobilisme du corps.  Il bougonnait, il maugréait, il pestait contre cette inertie. Surtout quand il voyait par la fenêtre sa conjointe qui poussait la pelle à sa place.

Tout ça à cause d’une blessure ligamentaire au genou dont je n’ai aucun souvenir de l’origine. Et je vous certifie que ça n’a aucun rapport avec les abus de Noël qui auraient pu affecter mon équilibre. Chez-moi comme chez plusieurs, Covid oblige, cela a ça été un petit réveillon tranquille à deux.

Peut-être est-ce à la suite de la tempête du 24 décembre lorsque, le lendemain, j’ai poussé ce vingt centimètres de neige couvrant un fond de glace qui faisait quelque peu tanguer. Toujours est-il que dans la nuit du 25 au 26, une douleur est apparue qui évolua en crescendo. Ça venait en rajouter une ultime couche sur cette annus horribilis 2020 qui n’en finissait plus de finir. De quoi la maudire…

Heureusement, le tournoi de hockey mondial junior est venu à la rescousse et m’a sauvé de la déprime. De voir se défoncer nos ptits gars sur la glace, virevoltant d’un filet à l’autre, m’encourageait à revenir rapidement sur mes deux jambes, sachant en outre que mes skis dans le garage trépignaient d’impatience.

N’eut été de ce tournoi, j’aurais été contraint à me rabattre sur Les feux de l’amour et autres Top Model. Et au même rythme que ces interminables téléromans, je serais probablement encore vissé à mon fauteuil. Et j’en serais à me demander pour la énième fois, quinze années et 12 000 épisodes plus tard: « Est-ce qu’ils vont enfin faire l’amour? …»

Finalement, le 29, en même temps que la victoire du Canada 10 à 0 sur la Suisse, victoire aussi pour mon genou. La douleur s’estompa lentement jusqu’à disparaitre le lendemain. Et j’ai pu entrer dans la nouvelle année non seulement du bon pied mais également sur mes deux jambes.