Comment penser sa mort?

Comment penser sa mort?

dim, 29/10/2023 - 08:42
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Plusieurs de mes amis ont quitté le chemin: compagnes et compagnons de travail, amis de longue date, copains et copines d'école, amis des Beaux-Arts.

Je vous parlais récemment de Malie L'étrange, grande routeuse, qui au moment de la publication du texte « Sur la route », j'ai appris le 5 septembre dernier son décès à Paris. Je pensais à elle quinze jours plus tôt en relatant son séjour à Palmarolle. Je me plais à croire que nos pensés se sont croisées quelque part.

La perte de mes amis me fait penser à mon propre départ. Évidemment que j'y pense: à reformuler mon testament, mettre de l'ordre, consulter les personnes qui seront concernées et l'aide médical à mourir…

La vie est comme un relais, mais j'ai voulu la mienne sans enfants. À l'époque des années 50-60, je voyais les femmes prises dans des corsets de pensés sociales et religieuses telles que "vierge et mère", ce qui en soi est une aberration. Après avoir fait des études d'enseignante, d'infirmière, de secrétaire, elles devaient cesser leurs professions aussitôt mariées, car enceinte, les femmes cachaient leurs ventres avec des robes-tentes.

Fallait avoir des enfants au mépris de sa propre vie. Le curé qui faisait sa visite paroissiale sermonnait celles qui n'avaient pas eu d'enfant depuis deux ans. Ces mêmes curés ordonnaient aux médecins de privilégier l'enfant lors de naissances difficiles où l'ont sacrifiait la mère, même une mère qui décédait lors de l'accouchement du 19e enfant. J'ai connu ce 19e enfant qui m'a raconté qu'après la messe de minuit, son père « veuf » offrit ses 19 enfants en adoption sur le perron de l'église.

J'ai dit oui à une vie sans enfant et sans religion. Surtout non à l'alliance religion-politique comme cela existait sous Duplessis : « L'enfer est rouge, le ciel est bleu ». L'Alliance politiquo-religieuse dans la fondation des pensionnats amérindiens, je m'en souviens et je ne veux pas l'oublier; c'est mon chien de garde, c'est ma loi de la laïcité. Je veux réfléchir et penser librement.

Comme le disait la Marquise de Lambert: « Il ne faut pas toujours dire ce que l'on pense, mais il faut toujours penser ce que l'on dit ».

Dans Le Devoir du 2 octobre dernier, Nathalie Plaat s'interroge sur la manière de penser sa mort: dans mon sommeil sans m'en rendre compte? Y voir une nouvelle aventure? Un moment important? Un mystère?

Elle nous invite à partager: comment pensez-vous votre mort?

nplaat@ledevoir.com