Patins de fille (suite)

Patins de fille (suite)

jeu, 26/01/2023 - 08:48
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Ils venaient d'arriver au village. Avant, ils fréquentaient les écoles de rang: rang 4, rang 6 et 7 et rang 9 et 10.

Ces écolières et ces écoliers venaient pour suivre leurs études au secondaire. Parmi eux figuraient de nouveaux garçons notamment les frères Vachon du rang 4, Anicet, Gérald et Rogatien. Tous les trois performaient au hockey.

Cette année-là, fut celle de mon premier béguin (je le voyais dans ma soupe). Et je me suis découvert une passion pour le hockey. Il servait à la messe, et si je ne le voyais pas à la basse-messe c'est qu'il servait à la grande messe; alors j'assistais aux deux messes. Pour lui, je suis devenu très pratiquante. Durant le temps qu'à durer mon engouement secret pour Anicet (oui c'est bien pour lui) pour le voir, que j'ai prié assez et ce pour le reste de ma vie.

Si ce n'avait été de « bougon » Aubin qui s'objectait à accepter une fille dans l'équipe de hockey, j'aurais pu jouer avec les frères Vachon dont le célèbre gardien de but Rogatien.

Comme plusieurs de mes compagnes et compagnons du secondaire, plusieurs garçons partaient pour les collèges classiques d'Amos, de Rouyn, de Montréal ou de Québec. Les filles, celles qui avaient échappé au mariage, allaient après le secondaire en spécialisation scientifique, en secrétariat ou en santé comme infirmière.

Sans trop de tourment, j'étais surtout sensible à la beauté physique de chacun et je remarquais celui qui avait un style ou une personnalité originale. J'avais une cousine à qui je confiais mon secret et qui, à chaque fois, me disait que ce même jeune homme avait le béguin pour elle.

DECEPCIONNE!

Les cœurs qui battent, les chagrins d'amour naissant, les premières approches sont le lot de notre adolescence. Nous nous essayions à trouver les mots pour décrire ce que nous éprouvions. Fabiola lisait les romans de Margareth Daley, genre littéraire « fast food » que nous trouvions au jubé de l'église qui nous tenait lieu de bibliothèque au temps de la censure.

Quelques années plus tard, je suis de passage à Rouyn au magasin de sport avec mon compagnon Charles. Qui vient nous servir? Anicet! Il me reconnait et il me lance: « Tu as bien grandi! » Je lui raconte alors qu'à cause des frères Vachon, je joue au hockey avec mes compagnons graphistes de Radio-Canada une fois par semaine.

Cet hiver, je pense à certain d'entre eux...

Crédit photo: Pierre Garneau