Patins de fille

Patins de fille

ven, 30/12/2022 - 08:11
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Au retour d'une randonnée en patins sur la rivière Dagenais, je me rends compte que mes lames sont complètement entourées de glace.

Comme toujours, je suis partie seule, ce qui me fait prendre de grandes respirations et ouvrir large les bras devant l'immensité de la nature. Comme ça, j'ai l'impression que l'univers m'appartient ou pour le dire autrement, que j'appartiens à l'univers, c'est selon.

Sur le coup, je fus effrayée, seule sur la rivière, où il y avait par endroit de l'eau en surface et que possiblement la glace n'était pas gelée dans toute son épaisseur sécuritaire.

Mes patins étaient des patins de patinage libre, c'est-à-dire sans les pointes ou crampons à l'avant, pour la danse de fantaisie. Donc, je n'avais pas des patins de "fille".

Les sports d'hiver étaient difficiles avec nos jupes. À l'école, il y avait des tenues vestimentaires pour les filles. « Lâchez-nous avec vos règlements ». Les religieuses enseignantes y tenaient et surtout le curé Halde. Le vent s'engouffrait sous les jupes, la neige fondait, et en entrant au chaud dans la classe les tissus étaient mouillés. À l'époque de mes 10 - 12 ans, les bas culotte n'existait pas, les bas étaient tenus avec des jarretelles ou des élastiques.

À Palmarolle, la solution fût trouvée: le pantalon sous la jupe. C'était ridiculement lourd et encombrant. J'ai partagé avec mes compagnes la honte d'être gouverné par des lois injustes et sexistes. Je vois qu'encore aujourd'hui, en Iran et au Pakistan, les femmes luttant pour s'en libérer. Il n'y a pas si longtemps en France, vers 1850, Rosa Bonheur devait demander un permis à la police pour porter un pantalon pour aller peindre des chevaux dans les enclos des abattoirs. Imaginez la terre imbibée de fumier où elle aurait dû aller vêtue de jupe et jupon longs pour dessiner et peindre.

Plus tard, comme j'avais toujours patiné librement, j'ai pu jouer au hockey avec mes compagnons graphistes de Radio-Canada. Non je ne gardais pas les buts. J'étais ailier droit et je n'étais pas le pire « pogo » sur la glace. Certains d'entre eux étaient réticents à m'intégrer à l'équipe par peur de me blesser, mais la majorité l'emporta. Tous furent de véritables compagnons de jeux et gentils hommes.

À la blague, je leur déclarais que mon moment préféré de nos après-midi sport était la chambre des joueurs et surtout la douche. Je pouvais aussi me vanter d'avoir joué au hockey à Palmarolle avec Rogatien Vachon à 10 ou 12 ans sur la patinoire extérieure de l'école du village.