Il pleuvait des oiseaux, le film

Il pleuvait des oiseaux, le film

sam, 26/10/2019 - 13:59
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Voilà donc enfin le merveilleux film, tiré du roman de Jocelyne Saucier qui nous tire les larmes.

Drame réalisé par Louise Archambault, le film paraît dans toute sa splendeur assez fidèle à la proposition de l’auteure, à quelques détails près. Ses premiers romans sont à lire, notamment Jeanne sur les routes, une belle histoire du syndicalisme régional: vous ne serez pas déçus…

Ici, les acteurs ont été choisis avec soin et justesse: Gilbert Sicotte dans le rôle de Charlie, Rémy Girard dans le rôle de Tom et Andrée Lachapelle dans celui de Marie Desneige. Les rôles secondaires mais très bien assumés reviennent à Eve Landry, Eric Robidoux, Kenneth Welsh et Louise Portal.

Le film raconte l’histoire de trois vieux ermites qui ont fait le choix de vivre en pleine forêt, en marge du tumulte de la société. La nature, les saisons, la paix.  Il s’agit bien de marginalité, celle où conduisent les chemins de traverse empruntés au hazard de la vie. Ici, les actes suivent leurs auteurs et les définissent mieux que les mots ne savent les décrire et ils en font l’économie. À ce propos, l’un de ces trois-là nous donne un formidable exemple en ce qu’il est l’auteur de centaines de toiles évoquant les feux de forêt de 1916 dans le nord de l’Ontario, et cela mieux que ne le feraient les mots... ceux que l’auteure du roman a tout de même su trouver…

La photographe jouée par Ève Landry découvre ces toiles. Ce sera le point tournant du film, la pierre angulaire sur laquelle tout repose pour donner un sens à cette histoire, car au moment de cette révélation, voilà que d’autres feux dans la forêt des alentours s’allument et menacent les vivants qui devront évacuer les lieux.

Tous, sauf deux, trouveront refuge ailleurs… et les toiles, qui évoquent si tristement le passé tragique du peintre Boychuck, magnifiques par leur puissance évocatrice, empreintes de dévastation, de deuils et de ténèbres (peintes par Marc Séguin), seront ainsi sauvées de la destruction par le feu et révélées au monde.

Le superflu évacué, les dialogues sont brefs. Un regard peut, à lui seul, être synonyme d’éloquence. L’espace et le silence donnent aux échanges à demi-mot toute la force de l’intention qu’ils veulent traduire.

C’est une marginalité assumée qui ne souffre aucun jugement. Les  valeurs de liberté, d’authenticité et de fraternité transpirent. Ces gens respirent le meilleur air, se lavent dans la meilleure eau et se regardent vivre au meilleur soleil, en dehors du monde, en un lieu qu’ils ont choisi pour le temps qui leur est imparti. 

Ce merveilleux film vieillira bien car il idéalise cette partie de nous qui aspire au bonheur le plus simple et le plus vrai qui soit.