Il y aura beaucoup de bleuets…

Il y aura beaucoup de bleuets…

dim, 03/09/2023 - 10:34
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À l’évidence, l’été 2023 en Abitibi-Ouest aura été celui de phénomènes météo exceptionnels et de bouleversements environnementaux hors du commun. Chaleur accablante et manque de pluie auront ponctué la fin du printemps et le début d’été.

Tout le mois de juin jusqu’au début juillet, le mercure a atteint et même dépassé les 30 degrés pendant plusieurs jours consécutifs et la pluie ne s’est que rarement manifestée.

Le feu déplace des communautés

La fonte rapide du peu de neige en avril ainsi que les mois de mai et juin particulièrement secs ont réuni les conditions propices pour le déclenchement de feux de forêt dévastateurs. Pendant tout le mois de juin, ces feux ont joué au yoyo avec les sapeurs forestiers. En conséquence, les habitants de Lebel-sur-Quévillon ainsi que Beaucanton et Val Paradis ont dû évacuer leur patelin deux fois en juin. Les citoyens de Normétal et Saint-Lambert (évacués une fois) et La Reine ont dû garder leurs valises près de la porte jusqu’en fin juin. La Fête nationale des Québécois s’est, pour la première fois, déroulée sans feux d’artifice ou à ciel ouvert C’est du jamais vu dans les annales météorologiques.

Il pleuvait des chenilles

Comme si ce n’était pas assez, vers la mi-juin une autre calamité s’est abattue sur nous. La livrée des forêts est une chenille défoliante qui passe chez-nous environ tous les huit à douze ans. Si les feux ont détruit d’immenses superficies de conifères, ces dernières ont bouffé les feuillus sur des milliers d’hectares entre La Sarre et Duparquet. Ces chenilles ont fait fi du code de la route, la traversant par centaines de milliers et laissant de longues trainées noirâtres sur la chaussée.

Un ami possédant une résidence secondaire au bord de la rivière Duparquet a eu la surprise de sa vie en arrivant à son chalet pour l’été. Les chenilles achevaient de défolier les arbres alentours et il en pleuvait littéralement.

« Elles ont même bouffé des cèdres et toute la végétation au sol. C’est la désolation! », me rapportait-il au téléphone. Adieu l’ombrage réconfortante des arbres pour tout l’été.

L’agriculture a eu soif

Les agriculteurs ayant profité de la température clémente du début mai pour ensemencer leurs sols ne s’attendaient sûrement pas que la pluie allait être aux abonnés absents par la suite. Conséquemment, à certains endroits, tout le grain n’a pas germé également et sa croissance a été hypothéquée par le manque d’eau. Malgré tout, j’ai constaté autour de chez-moi en fin juillet que l’orge et l’avoine sont épiées et présentent une belle densité. La première coupe de foin en mi-juin s’est avérée famélique, le mil épiant à hauteur de douze à quinze pouces. Par chance, certains agriculteurs ont en réserve une partie de la bonne récolte de l’an dernier. Début août, la 2e coupe constituée de légumineuses (trèfle et luzerne) semblait en bonne voie d’offrir un bon rendement. À l’inverse, les graminées semblent souffrir du peu de précipitations sur notre secteur à date.

J’ai sauvé mon potager

Au 26 juin, mon pluviomètre n’avait reçu qu’un maigre cinq millimètre de pluie depuis la dernière averse vers la mi-mai. La corvée journalière de l’irrigation du potager a débuté fin mai et s’est étirée jusque fin juillet. Heureusement que mon puits n’a pas lâché prise…

Dans l’ensemble, même si la chaleur extrême a ralenti la croissance du potager, le rendement aura été presqu’égal à l’année dernière. Seules les pommes de terre auront souffert; par peur de manquer d’eau, je ne les ai pas irriguées de sorte qu’elles ont commencé à germer seulement au début juillet. La récolte n’en sera que reportée plus tard.

 

Feux et fumée

Il va sans dire que ce sont les feux de forêts qui auront accaparés l’attention de tous les citoyens d’Abitibi-Ouest cet été, ceux directement mis en danger ainsi que ceux ayant dû supporter la fumée stagnante pendant la majeure partie du mois de juin. Ces feux auront causé une catastrophe économique notamment aux compagnies forestières, aux pourvoiries et à certaines municipalités.

Seul point positif, la couverture médiatique de ces feux ainsi que la fumée qui s’est répandue sur le nord-est de États-Unis et même jusqu’en Espagne auront mis notre coin de pays sur la mappe touristique.

Et un vieil autochtone, constatant placidement les traces laissées par le feu dans son coin, a eu cette sage réflexion : « Tout ça va repousser un jour, et savez-vous, il y aura beaucoup de bleuets pour les prochaines années… »