CES BEAUX MOTS DISPARUS

CES BEAUX MOTS DISPARUS

jeu, 30/09/2021 - 08:26
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Moi, le vieux grincheux, je suis triste de voir disparaître ces beaux mots que l’on utilisait « dans mon temps » pour identifier clairement certains objets de notre quotidien.

Comme premier exemple, je vous rappelle celui-ci : pour un bulldozer, on disait un « tracteur à l’ail ». Allez donc expliquer cette appellation! Sans doute plutôt que de dire des chenilles, on appelait ce mode de traction des « lailles » ou peut-être à cause de la mauvaise haleine que la machine dégageait, une haleine d’ail.

Restons dans la mécanique et parlons de moto qu’on nommait : un « bessique à gaz ». Bessique, c’était une déformation de bicycle qui était un abrégé de bicyclette. Aujourd’hui, on parle de vélo. C’était pourtant si l’fun de faire du « bessique baloune » dans les chemins de « gravelle ». Maintenant, il nous faudrait faire du vélo ballon dans les rangs de gravier... Et le long de ces chemins, on voyait souvent des « siffleux ». La marmotte on ne la connaissait pas. Un siffleux ça ne « marmottait » (marmonnait) pas, ça sifflait ce qui est bien différent comme son et comme langage.

Pour rester dans le monde animal, parlons de la « bête puante ». Il me semble que c’était un beau mot pour cette bébite qui pue. Pourquoi faut-il dire moufette aujourd’hui? Les Français aiment tellement emprunter des mots anglais qu’ils l’appellent « sconse », mot dérivé du mot anglais « skunk ». Peu importe le vocabulaire employé, elle ne sent pas le Chanel no 5 pour autant.

Passons maintenant « au monde humain ». Chez ceux-ci on traitait les bébés comme des rois et des reines. Eh oui! On les promenait en « cârosse », pas en landau ou en poussette comme les pauvres enfants d’aujourd’hui qui ont perdu ce privilège de se faire voiturer en « cârosse ». Ces mamans qui poussaient des cârosses, on pouvait les voir par les « châssis » de la maison. Les fenêtres comme on dit maintenant, c’étaient des « châssis ». L’automne venu, il fallait poser les châssis doubles pour bloquer le frette qui menaçait d’entrer par les fentes des « châssis d’été ».

Revenons maintenant à nos habitudes du temps. Nous, les garçons, on passait chez le « barbier » à tous les deux mois; les filles, elles, avaient droit à une coiffeuse. Un gars qui aurait dit dans ce temps qu’il allait chez une coiffeuse aurait provoqué des petits « sourires en coin » de la part de ses amis. Aujourd’hui si vous leur dites que vous allez chez le barbier, ils vous répondront : « Hein! Un barbier ça coupe les cheveux? » Peut-être auront-ils encore un petit sourire en coin qui voudra dire : « Aie! Le vieux arrive en ville! »

Parlons un peu de la tenue vestimentaire de ce temps. Les gars, pour ne pas abimer leurs beaux souliers en cuir « patin » enfilaient par-dessus des « shouclaques » ou des « canots ». Quant aux filles, elles ne sortaient jamais sans leur « sacoche ». Maintenant, elles doivent toujours apporter leur sac à main ou, s’il est plus petit, leur bourse. Et le contenu de ce sac à main, s’il ressemble à celui de nos mères, le nom des objets qu’on y trouve a dû aussi changer, mais il serait trop long d’en dresser la liste. Et la « sacoche », on l’apportait quand on allait « aux vues »; puis quand on faisait prendre son « portrait » par la cousine de Montréal qui avait un « codak ».

Ben oui! Tous ces beaux mots si descriptifs des objets sont maintenant choses du passé, sauf pour moi et les vieux qui les utilisent encore, même si on fait parfois rire de nous autres.