Oseille, livèche, ciboulette, câpres de marguerite ou de pissenlit, toutes herbes chargées d'hormones printanières sont les bienvenues dans nos assiettes, mais jamais autant que la reine des légumes et j'ai nommé... l'asperge! Pourquoi diable ce divin légume était-il autrefois réservé à l'aristocratie puis à la bourgeoisie... sinon à cause de sa culture délicate et particulière et de son goût exquis et subtil? Heureusement pour nous, l'asperge s'est démocratisée. Elle est de plus en plus accessible et prisée à tel point qu'elle est cultivée désormais en tant que vivace dans nos jardins pour notre bonheur.

Mai, c'est bien le mois de l'asperge. Voyons si son émergence sera aussi précoce que la fonte des neiges, en cette année 2021. Normalement, elle émerge vers la mi-mai et la récolte quotidienne au ras du sol des turions atteignant 15 cm se poursuit jusqu'au solstice d'été, vers la fin juin. Avec une trentaine de plants, on récoltera chaque jour amplement de quoi nourrir une famille. On aura tout le loisir de blanchir les surplus pour la congélation puisqu'elle est prolifique à souhait.

Espacés de trente à quarante cm, les plants en étoile trouvés chez un semencier seront déposés dans la tranchée à 15 cm de profondeur au printemps et, s'il y a lieu, les rangs seront espacés d'un mètre. Les asperges produiront mieux au bout de trois ans dans un sol riche tout de même léger mais si l'on prend soin de les couvrir de compost à la fin de la récolte, elles pourront s'accommoder d'un sol plus ou moins lourd. Il faut les laisser tranquilles ensuite pour le reste de la saison afin de leur permettre de capter l'énergie solaire par la photosynthèse grâce à leurs tiges finement pennées. Ainsi, elle iront chercher des forces pour mieux revenir combler nos attentes l'année suivante!

L'asperge s'érige à la faveur de la nouvelle saison comme symbole parfait de la virilité. De forme phallique, elle s'élance avec arrogance vers le ciel à une vitesse qui vous surprendra d'un jour à l'autre, surtout autour de la pleine lune! On prête à l'asperge des propriétés aphrodisiaques. Ne négligez pas votre promenade matinale au jardin et découvrez ce qui vous y attend... Plus pragmatiques sont ses qualités curatives aux bienfaits dont la réputation n'est plus à faire. Elle soigne les reins, la vessie. Si bien, que l'urine se chargera d'une odeur caractéristique témoignant de l'utile nettoyage du printemps.

Idéalement, on cuit les asperges à la marguerite en quinze minutes ou moins. Elles sont tendres mais encore fermes et il est préférable de boire leur eau de cuisson pour bénéficier davantage de ses vertus. De plus, nature, sans beurre ni sauce, c'est le légume minceur par excellence qu'il est permis de manger avec les mains, en toute élégance! Certains débarrassent le turion de sa peau à l'économe, avant cuisson, mais à moins de 15 cm, ce geste est inutile.

Servez-la en couscous ou en délicieuse crème, grâce au pied mélangeur, en ayant soin de garder les pointes à peine cuites en garniture. Offrez-la dans une crêpe chaude avec un fromage râpé ou en sushi, intimement enlacée au saumon, aux câpres et au poivron grillé pour le plaisir de nos papilles... Comment résister? L'asperge demeure une ode au printemps, un hymne au renouveau, l'emblème animé de l'espoir émergeant.