En réponse au texte d'une enseignante sur le retour à l'école. Par Sophie Lambert

En réponse au texte d'une enseignante sur le retour à l'école. Par Sophie Lambert

jeu, 30/04/2020 - 08:08
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Chère enseignante,

Pas de récréation commune? As-tu pensé aux différentes courses, parcours et jeux sans contact? Je pense organiser une grande course à obstacles (sans matériel) pour mes élèves. Trois sauts de grenouille, 4 pas à reculons, 2 pas de géants…à vos marques!

Des dîners en classe, à son bureau? Bien oui, mais pourquoi ne pourrions-nous pas en profiter pour échanger sur nos passions. Je manque parfois de temps pour échanger spontanément avec mes élèves sur leur vie et leur quotidien. Avec les événements des derniers jours, je pense que ce serait une opportunité.

Pas de cours d’éducation physique? Non, parce que pour des raisons de logistique, les gymnases et les enseignants spécialistes seront mobilisés autrement. Est-ce que ça veut dire que l’on ne peut pas bouger? Mes élèves adorent faire des mathématiques en faisant des mouvements derrière leur bureau. On compte jusqu’à 10 en sautant sur un pied, on compte jusqu’à 20 en faisant des squats.

Ni de cours de musique? Et pourquoi ne pas travailler une chanson tous ensemble? On pourrait même pousser l’audace jusqu’à utiliser les technologies pour partager notre chanson avec les autres classes de l’école. On peut aussi écouter des mélodies. Pourquoi pas une causerie sur nos chansons préférées?

Pas de cours d’arts plastiques? Et si on ajoutait une belle production d’art pour donner de la vie à un beau poème écrit en classe? Ce n’est pas parce que les pots de peinture et les pinceaux ne sont pas accessibles que l’art ne l’est pas.

Lavage des mains en entrant dans l’école. Avant la collation. Après la collation. Avant la récréation. Après la récréation. Avant le dîner. Après le dîner. Avant de (peut-être) sortir après le dîner. En rentrant de la (peut-être) sortie de l’après-dîner. Avant la récréation de l’après-midi. Après la récréation de l’après-midi. Avant de quitter l’école pour la maison. Oui, et tu sais quoi? C’est important. Ce sera la même chose partout. En partant pour l’épicerie, en revenant à la maison, en allant au travail. C’est une excellente habitude à maintenir. C’est une procédure supplémentaire, j’en conviens, mais combien nécessaire. Qu’on le veuille ou non, le virus sera dans nos vies un bon moment et même sans le retour à l’école, il faudra se laver les mains.

Pas d’accès aux modules de jeux. Au matériel en commun (ballons, jouets de sable ...). Non, mais on peut jouer à la tag en chassant des ombres, on peut danser dans la cour, on peut faire des courses, des défis sportifs et bien plus encore.

Pas de bibliothèque d’école. Pas de bibliothèque de classe. Pas de livre envoyé à la maison. Non, mais avant tout, le livre c’est une histoire. Pourquoi ne pas inventer des histoires? Pourquoi ne pas lire une histoire aux enfants et leur demander d’échanger? On pourrait discuter de nos lectures, apprécier différents textes.

Distance de deux mètres en tout temps. Donc, pas d’atelier, de rassemblement au tapis, de jeu coopératif ... Effectivement, mais ça ne veut pas dire pas de collaboration ou d’échanges. Pourquoi ne pas écrire une histoire collaborative ensemble? On pourrait partager une belle version numérique avec les élèves du préscolaire. Quoi de plus motivant que d’écrire pour un auditoire. Et si on faisait un recueil pour les personnes âgées?

Pas de caresse. Pas de marque d’affection. Plus d’affection? Je ne suis pas d’accord. Il y a tellement plus d’une manière d’exprimer son affection. J’aime les câlins, mais les danses rigolotes ont du succès dans ma classe.

Plusieurs enfants ne retrouveront pas leur enseignant(e). Maximum de 15 élèves par classe oblige. Ils seront jumelés à un autre titulaire, un spécialiste ou un suppléant. C’est dommage si c’est la modalité privilégiée par ton école. Dans mon cas, mes élèves retrouveront mon duo d’enfer formé avec la plus merveilleuse des stagiaires.

L’école est en changement. On peut choisir de vivre dans le déni et d’y retourner à reculons. On peut aussi choisir d’explorer toutes les autres avenues qui s’offrent à nous. Les événements des dernières semaines ont mis en lumière des tonnes d’initiatives les plus créatives les unes que les autres. Lundi, je serai fidèle au poste, souriante, prête à accueillir mes petits loups.