Plaidoyer pour le Publisac

Plaidoyer pour le Publisac

jeu, 26/03/2020 - 15:59
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Le vieux monsieur l’insère dans ma boite aux lettres tous les mercredis, des fois le mardi soir.

Quand la maitresse de poste y dépose du courrier, elle hisse le bidule rouge. Le vieux monsieur ne se donne pas cette peine. D’où cette demande de ma blonde à chaque semaine: « Va voir si les annonces sont arrivées. » Sitôt rentré, elle épluche méticuleusement le contenu du Publisac, en prenant des notes. Demain, ce sera la course aux spéciaux.

Quand à moi, tout ce qui m’intéresse dans le contenu ce sont les rabais sur la bière notamment chez IGA ou Maxi. Donc jeudi le 12 mars dernier, je me pointe chez Maxi en fin d’avant-midi pour le spécial sur la bière : « On paie les taxes et la consigne. » Quelle ne fut pas ma surprise de constater que le magasin débordait de monde et que c’était la cohue. Inhabituel, me suis-je dis, nous ne sommes pas à la fin du mois, qu’est ce qui se passe? Des files d’attentes interminables à chaque caisse et les bouts d’allées congestionnés bloquant le trafic.

Du coup, j’ai failli tourner les talons. Mais le spécial sur la bière l’emporta. Je me suis donc retrouvé dans une des longues files aux caisses avec mes deux 24 dans l’immense chariot jaune. C’est à ce moment que j’ai constaté les montagnes de denrées empilées dans les autres paniers, la plupart exhibant un paquet de 36 rouleaux de papier cul sur le dessus. Ce n’est que le  lendemain, en lisant La Presse, que j’ai compris le pourquoi de cette cohue de la veille, de cette peur de pénurie de papier cul, cette peur au c… qui engendre justement la pénurie.

Le papier hygiénique devient tout à coup une denrée essentielle tels que le lait, le pain, les légumes et la viande. À bien y regarder, il y a une certaine logique là-dedans : tout ce qui entre dans le corps doit bien sortir un jour… Sauf que le Covid-19, ce n’est quand même pas la gastro.

Les plus vieux d’entre-nous se rappelleront sûrement l’épais catalogue Eaton ou le journal L’Action Catholique servant de papier cul à une autre époque, et qui a été détrôné par l’apparition de ces beaux rouleaux chatoyants d’un blanc immaculé.

Au moment où plusieurs réclament la disparition du Publisac, moi je plaide pour sa conservation. Car c’est dans une crise comme celle que l’on vit en ce moment, et devant une « pénurie appréhendée » de papier cul, que le Publisac pourrait révéler toute son utilité.