MORT D’ADJUTOR ST-JAMES

MORT D’ADJUTOR ST-JAMES

mar, 06/07/2021 - 08:07
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Adjutor St-James est mort noyé après être venu visiter son frère à son campement sur les bords de la Dagenais à Palmarolle. Accompagné d’un Polonais, il s’en retournait au campement de l’Abitibi Paper où il travaillait lorsque l’accident est survenu.

Les événements se seraient déroulés vers 1924-25. Les circonstances de sa mort n’ont jamais été élucidées même si certains prétendaient qu’il était en boisson au moment de l’accident.

Toujours est-il que le Polonais revient avertir Clodimir St-James de la noyade de son frère. Ils réussissent à le récupérer et le couchent sur la grève devant le campement de Clodimir.

Voulant éclaircir la situation, Clodimir décide de faire appel au coroner demeurant à Macamic. Il demande à quelqu’un qui va à La Sarre de se rendre au presbytère et téléphoner au coroner. Pour des raisons que l’on ignore, Il paraîtrait que l’appel n’ait jamais été fait. Une hypothèse circulait à l’effet que le curé de La Sarre, Ernest Lalonde, s’y serait opposé sous prétexte que St-James serait protestant.

Au bout de quatre jours, le corps d’Adjutor étant encore sur la grève, Clodimir demande à Napoléon Caron d’aller chercher un cercueil à La Sarre et en même temps de parler au curé pour le coroner.

Tôt le matin, Napoléon attèle son cheval et part pour La Sarre. Il va chercher un cercueil chez Donat Bordeleau puis se rend au presbytère. Il s’y fait dire (par le curé?) que le coroner n’ira pas à Palmarolle parce que l’autre était, selon la rumeur, mort en boisson.

Napoléon reprend la route avec son cercueil sous une pluie diluvienne. Il n’a jamais vu pleuvoir comme ça. La route est cahoteuse et boueuse et il avance péniblement quand le soir tombe. Comble de malheur, un violent orage se met de la partie. C’est noir comme l’encre et il ne voit plus la route sauf quand un éclair frappe. Le ruisseau qu’il doit traverser dans le p’tit rang huit déborde et les billots de « pontage » sont partis. Il craint de perdre le cercueil.

Enfin il arrive, dételle son cheval et le rentre à l’étable. Puis il se rend au bord de la rivière et crie à Clodomir de l’autre côté. Ce dernier traverse en chaloupe, un fanal à l’huile sur un banc. Ils déposent le cercueil en travers de l’embarcation et Clodimir retourne de l’autre côté, toujours sous la pluie et les éclairs. Quand Napoléon rentre, tout trempé, il est 10 heures.

Le lendemain, Jean Bizier, Albert Fillion, Jos Couillard et Napoléon décident de laver le corps, lui couper la barbe puis le déposent dans le cercueil. Ils l’exposent seulement un soir parce que le corps ne sent pas bon.

Par la suite, considérant qu’il n’y a ni curé ni cimetière à Palmarolle, Héras Richard prête un chaland et un petit bateau pour transporter le corps à La Sarre.  Rendu là-bas, le curé refuse de laisser entrer le corps à l’église parce qu’Adjutor serait mort en boisson. Un impardonnable péché à l’époque…

Finalement le curé permet d’enterrer la tête dans le cimetière parce qu’il a été baptisé mais non le corps qui contient de la boisson.

Clodimir trouve le curé très sévère et il en est beaucoup affecté. Pas question d’étêter son frère et il ramène le corps chez-lui. Personne ne sait ce qu’il en est advenu. Selon Roger Caron dans son autobiographie, « à la suite de ce malheureux événement, Clodimir et sa famille ne pratiqueront plus de religion ».