Périple d’un séjour à l’africaine

Périple d’un séjour à l’africaine

lun, 26/10/2020 - 09:16
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Que diriez-vous de savoir ce qui se passe de l’autre bord? L’autre bord de l’Atlantique où je me suis envolée après avoir rompu avec le passé.

Rien de mieux que se dépayser, quitter la réalité virtuelle et visiter le réel. Le 8 septembre dernier, à bord de l’avion, je mettais le cap sur le continent africain en Côte d’Ivoire!

Curieuse de savoir la raison de partir si loin, je rassurais ma famille et mes ami-e-s en évoquant qu’il n’y avait qu’un rêve encore à réaliser dans ma liste. Ce désir entretenu depuis les séjours prolongés de plusieurs membres de ma famille dans ce pays qui me fascinait depuis mon adolescence.  

D’abord, l’accueil était bien orchestré avec la famille d’un ami résidant en Outaouais. Ensuite, il m’a été suggéré de rencontrer à l’hôtel, un contact bien apprécié établi avant mon départ : deux frères qui devenaient mes guides. Nous avons fait connaissance au restaurant, une terrasse sur le toit. Quel contraste avec l’Abitibi! Le quartier Palmerais différait avec le village de Palmarolle. Du haut de ces cinq étages, toute une équipe de serveurs, tout aussi polis les uns que les autres avec un sens du devoir très professionnel, à l’allure de maîtres d’hôtel d’une époque révolue depuis des lunes ici en Amérique du Nord m’accueillait chaque jour avec un sourire des plus rassurant.

De la réception au service de chambre, la cuisine et les mets offerts étaient à la hauteur. Les mets africains à l’honneur à la terrasse et le samedi soir un orchestre présentait un spectacle de musique populaire. J’y ai dansé à la manière africaine, ce qu’eux ont trouvé bien amusant.

Le plaisir incontournable que j’ai ressenti tout au long de mon voyage était la convivialité des gens rencontrés et la simplicité dans la communication. Le sentiment d’être accueillie avec tout ce qui pouvait être réconfortant pour moi. Cet accompagnement rendait responsables mes hôtes de mon bien-être et de mon sentiment de sécurité, fort apprécié dans une période aussi peu rassurante que nous vivons tous.

La première semaine s’est terminée par un périple à Bassam, un village d’artisans au bord de l’Atlantique à cinquante minutes de taxi de la ville. Mes amis et moi étions sur une terrasse au bord de la mer avec un menu de service hors pair. Toujours aimable, chaque personne rencontrée a toujours tenu une attitude de haut respect  quant à la façon de s’adresser aux personnes peu importe la situation. J’ai beaucoup appris de cette sagesse généralisée en société. Moi, la grande fonceuse toujours prête à mener des batailles, j’ai dû me rassoir et observer l’application de la générosité plutôt que la générosité elle-même. Je m’explique. Là-bas, chaque jour est une course folle pour sa survie. On négocie le taxi mais on paie chaque personne qui nous rend service. C’est une façon d’entretenir l’économie locale. Les gens ont le cœur sur la main, ils offrent leur temps, leur disponibilité sans démontrer qu’ils ont à cœur votre richesse. Ils sont discrets et savent vous démontrer qu’ils vous aiment par leur sincérité, leur naturel résultant en apparence d’une authenticité à peine voilée.
 

Quand on se réfère à nous-mêmes avec ce que l’on a établi comme langage et valeurs dans notre propre pays, ailleurs ces choses sont confrontées à une nouvelle réalité, celle de la richesse relative et de la pauvreté subsistante. Comment faire pour rencontrer ces deux réalités dans un monde en pleine crise d’identité?

 

Chaque jour j’étais exposée à cette réalité et je devais prendre une nouvelle posture. Les gens tellement gentils m’ont offert ce qu’il y avait de mieux, leur ouverture sur l’autre toujours discrète. Les deux dernières semaines, je les ai passées en appartement avec vue sur la terrasse du jardin où les mets africains abondaient. J’y ai rencontré des femmes qui m’ont offert chacune un costume traditionnel, ce qu’elles portent au quotidien, une robe longue ou le pagne cintré et la blouse rehaussée de manches bien moulées. En ville, les femmes avaient des costumes très chics. Les hommes très fiers de leurs vêtements sont toujours bien mis. Les jeunes hommes portent le pantalon à la mode sur le bas des hanches laissant paraitre leur sous-vêtement. Les jeunes filles portent la jupe courte.

 

En Côte d’Ivoire où tout semble possible, le sentiment de liberté reste présent chaque instant alors que celle-ci demeure fragile. Une sensation d’insécurité parait sur le point d’éclater. Je suis repartie en rêvant de nos grands espaces abitibiens, heureuse d’avoir exploré un monde nouveau en effervescence. Aux douanes canadiennes, j’ai été surprise de constater que notre pays au respect des droits et libertés avait des restrictions de contrôle exagérées. L’accueil vécu était déjà chose du passé.