Palmarolle et ses nouveaux colons

Palmarolle et ses nouveaux colons

jeu, 22/11/2018 - 08:05
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Article paru dans Le Courrier de St-Hyacinthe le 20 mai 1932

Au pays des mines, à une dizaine de milles du chemin de fer National du Canada, traversée par une rivière poissonneuse qui se jette dans le lac Abitibi, Palmarolle offre des avantages sérieux aux familles qui veulent établir leurs nombreux enfants. Ce sol d’alluvions argileux, défriché, égoutté et bien cultivé, produit en quantité le mil, le trèfle, les grains, les légumineuses et les légumes. Cette région deviendra fameuse pour l’industrie laitière l’élevage et la culture mixte.

Il y a à peine dix ans il ne se récoltait pas là 50 bottes de foin. On en fauche maintenant des milliers de tonnes. L’an dernier, en plus de 10000 minots de grains, de la production de beurre, des œufs, des volailles, du porc, des viandes, on y récolta divers légumes et des patates pour les besoins de la population.

Et Palmarolle est aussi un fameux pays de chasse.

Quoique la forêt soit d’une belle venue, le défrichement des terres est facile. La rivière Palmarolle est navigable et les usines de pulpe et de papier de l’Iroquois Falls sont à l’autre bout du lac Abitibi, ce qui donne aux colons un marché avantageux pour la vente de leur bois. Il ne faudrait pas oublier, cependant, qu’à Palmarolle comme ailleurs, présentement, les prix payés pour le bois sont descendus à un niveau ridiculement bas.

Palmarolle est à moitié chemin entre la voie ferrée et les fameux dépôts aurifères de la mine Beattie. Quoique de basse teneur ces minerais d’or sont si abondants qu’il se bâtira là, nous dit-on, une petite ville minière. Ce sera un marché avantageux pour ceux des colons qui voudront se spécialiser dans la production des denrées nécessaires aux mineurs du pays.

 À Palmarolle on trouve une bonne chapelle, des écoles, de bons chemins, des magasins, un presbytère et un curé actif et dévoué aux intérêts de sa paroisse.

Le 18 mai dernier, sur le convoi quittant Québec et Montréal pour Cochrane se trouvait un groupe de Canadiens qui allaient visiter les terres de notre Empire du Nord, dont un M. Jos. Côté venu de Sherbrooke. À Amos, ce dernier rencontre le missionnaire qui l’interroge.

---Vous venez pour vous établir au pays?

---Oui

---Vous êtes marié je suppose?

---Un peu! Une femme et treize enfants.

---Avez-vous un peu d’argent pour vous partir?

---Non, j’ai perdu ce que j’avais.

---Alors, comment espérez-vous arriver à faire vivre tout votre monde, dans un temps où le bois ne se vend pas, en même temps que vous défricherez une ferme, que vous la logerez, que vous achèterez des animaux et des instruments aratoires?

---Je ne le sais pas mais je vais essayer.

Et M. Côté part pour aller visiter le pays. Le missionnaire n’avait guère confiance.

À Palmarolle, M. Côté achète une ferme de 300 acres dont une dizaine en défrichement, une partie en brûlé sale, renversé, le reste en forêt généralement pillée. Une bonne grange était bâtie.

Son marché fait, à crédit, M. Côté retourne, arrêtant à Québec demander du secours pour le transport de sa famille et de ses effets de ménage. Quand il fut connu qu’il avait treize enfants et pas de capital en argent, on lui refusa tout secours.

À Sherbrooke, M. Côté dut se débattre pendant un mois pour trouver le montant nécessaire au transport de sa famille et de ses effets de ménage.

Ce n’est donc qu’en juillet qu’il commença à travailler sur les nouvelles terres, acquises à de grands sacrifices.

En novembre dernier, passant par le pays, en compagnie du curé Allds (Halde), un étranger rendait visite à la famille Côté.

Une bonne maison est maintenant construite. Il y a 7 ou 8 acres de labour, puis un abatis tassé, partiellement essouché, qui sera ensemencé au printemps. Par endroit, à cause des aulnes, ces 30 arpents de terre neuve étaient de défrichement difficile. L’étranger remarque qu’on a creusé un fossé de plus de 3000 pieds pour l’égouttement de cette terre d’alluvions qui des deux côtés penche légèrement vers le centre.

En plus, pour gagner de quoi manger, M. Côté a fait huit arpents de terre neuve pour M. le curé Allds (Halde).

Ainsi, de juillet à décembre, la famille Côté a défriché 8 arpents de terre neuve ailleurs, s’est bâtie une maison, a fait 7 ou 8 acres de labours nouveaux, 30 arpents de défrichement chez elle, plus de 3000 pieds de fossé et, bien que fin novembre, de la forêt voisine partent les bruits secs de coups de hache dont l’écho se répète au loin. Ce sont les jeunes Côté continuant d’agrandir l’abatis.

---Comment aimez-vous le pays M. Côté?

---Beaucoup. La terre pousse plus que je pensais, elle est plus facile de défrichement que je l’aurais cru, et le climat est bien meilleur qu’on me l’avait dit.

Et dans cette même paroisse de Palmarolle, il reste des terres pour 150 familles nouvelles. Et le Service de la Colonisation, Chemin de fer National du Canada Montréal, facilitent le voyage de ceux qui veulent aller voir si tout cela est bien vrai.

Source : Archives nationales du Québec