J'avais malencontreusement coupé au chasse-neige la belle extension qui relie mon auto à l'électricité de la maison, même après m'être juré que je serais toujours attentive tout l'hiver et que je n'oublierais pas de la déconnecter et de bien l'enrouler avant de passer le chasse-neige. Il a suffi que tombe la bordée de neige de début février pour que ma bonne résolution tombe elle aussi. On m'a alors recommandé de choisir de la qualité, compte tenu du fait qu'on allait devoir équiper une deuxième extension, résultat de l'incident, d'appendices permettant de tirer parti de la gaffe...

Je ne vais pas souvent dans ce magasin et j'ai souvent besoin de demander l'aide d'un(e) préposé(e) pour trouver ce que je cherche. Alors me voici cherchant les objets en question mais en vain! Sauf exception, il n'y a pas âme qui vive dans le magasin désert. À quarante pas, je vois un homme à qui je demande : « Où sont-ils tous? » Et lui de me répondre : « Que cherchez-vous? » « Prise et fiche », lui dis-je... « Suivez-moi, commence-t-il. Je connais ce magasin comme le fond de ma main et vous n'êtes pas du tout dans le bon secteur. » Je rétorque : « Normal que vous vous y entendiez mieux que moi pour vous débrouiller ici, puisque c'est un magasin de gars! » « Non, non, dit-il, regardez à votre droite les commodités pour la cuisine, ici, les détergents, là, les accessoires, batteries de cuisine, brosses à récurer, ustensiles, linges à vaisselle, cafetières et tout ce dont vous avez besoin. »

Je ne peux m'empêcher de sourire... Il vient de renverser mon préjugé avec un argument de taille, un autre préjugé tenace qui se traduit par... chacun son domaine! Après tout, pourquoi ne pas admettre et reconnaître même, que la norme penche pour une standardisation des rôles pour plus d'efficacité? À deux, nous formons équipe et les tâches que je maîtrise bien assurent pour des aspects particuliers un meilleur roulement du quotidien de la même manière que les tâches que l'autre maîtrise bien assurent elles aussi un meilleur roulement du quotidien pour d'autres aspects particuliers et voilà : tout fonctionne rondement. D'un commun accord, chacun assume sa part des travaux requis pour faciliter la vie de tout l'entourage, sans contrainte. Et, lorsque cette entente prend fin pour une raison ou pour une autre, le départ de l'un(e), le décès de l'autre, si nous n'avons jamais eu le souci de partager nos connaissances ou de travailler ensemble sur une même tâche, on est tenu de développer les compétences qu'on n'a jamais eues pour souhaiter garder une qualité de vie à la hauteur de ses attentes... Quand on comprend ce qui doit être fait, on s'attelle à la tâche et on apprend en travaillant.

Quel que soit le domaine de travail, tous devraient pouvoir accéder à la connaissance nécessaire à sa maîtrise, de telle sorte que chacun se sente libre de choisir un métier non traditionnel, par exemple. Mais on ne peut pas ne pas comprendre que la standardisation des rôles s'installe tout naturellement dans une équipe. Depuis les temps immémoriaux, la nature humaine a fait en sorte de partager entre les différents individus les tâches relatives au maintien et à l'amélioration des conditions de vie d'après leur savoir-faire spécialisé. Ainsi, les hommes étaient à la chasse ou à la pêche. Ils avaient le souci de garder les yeux sur l'horizon pour voir éventuellement venir le danger et le confronter au besoin. Les femmes étaient à la cueillette ou au fourneau. Elles avaient le souci de veiller au bien-être de leur progéniture. Aujourd'hui, rien n'empêche pour autant les uns comme les autres de changer de rôle, dans la mesure où les risques sont assumés.

Il peut arriver que la vie ne nous présente d'autres choix que de prendre la relève et ce sera une chance si nous avons pu acquérir quelques notions auprès de nos pairs. Avec ouverture, il sera d'autant plus simple et facile de trouver notre vraie place et de nous épanouir.