Souvenir d'enfance à Palmarolle

Souvenir d'enfance à Palmarolle

mer, 25/05/2022 - 20:05
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Pourquoi y a-t-il quelque chose au lieu de rien...?

L'art sert-il à quelque chose?

Voilà quelques questions qui effleurent mon esprit. Étendue sur mon divan, position que je nomme « ma posture Marcel Proust », mon regard se pose sur quelques toiles de mes amis peintres de l'Abitibi : Jocelyne Caron, Jannot Hamel, Aline Olscamp et Jeannine Provost. Ces tableaux représentent ceux et celles qui m'accompagnent à la fin du confinement.

L'art fait partie de ma vie depuis ma tendre enfance. Mon père avait le loisir de dessiner. Ma mère jouait sur son piano qu'elle avait commandé chez Eaton lorsqu’elle était célibataire et qu'elle travaillait. Le piano avait été livré par train à La Sarre et avait ensuite fait le trajet vers Palmarolle par voie d'eau sur la Punaise à Bégin.

Plus jeune, je m’amusais à dessiner quelques animaux de la ferme. Puis ma mère m'inscrivit aux cours de piano du village où il y avait 6 salles de cours en musique. À l'école, je dessinais pendant les cours. Puis je me mis à réaliser le portrait de mes amies à l'école. J'entends Sœur Jacqueline de Jésus me dire avec un sourire narquois: « Mademoiselle Nicol, pour votre punition vous allez faire le portrait de chacune de vos compagnes de classe ».

L'été dernier, j'ai eu l'occasion de me rappeler ces moments, lorsque Fernande Asselin m'a montré le portrait que j'avais fait d'elle à l'âge de 14 ans. Les portraits d'Elvis et de Fidel Castro étaient aussi source d'inspiration.

Je dessinais partout, même lorsque je gardais les enfants de M. et Mme Jos Boutet les samedis soir. En ces temps-là, les mères de familles restaient à la maison, la veillée à l'hôtel le samedi, c'était sacré. Je gardais aussi chez Gemma et George qui tenaient le restaurant voisin du garage Therrien. Toutes ces soirées à répondre aux demandes des enfants: dessine-moi un chat, l'autre un chien, une vache, un cheval et évidemment comme le demandait le petit prince de St-Exupéry, dessine-moi un mouton. À la tombée de la nuit, les enfants s'endormaient la tête posée sur leur pile de dessins.

Les ont-ils gardés? Je sais qu'ils sont nombreux à s'en souvenir. J'espère que ces moments leurs ont offert de vivre un espace inspirant dans leur vie. C'est peut-être ça l'art; nous sauver de ce qui est servile et uniquement utilitaire.

P.S. La première question en début de ce texte fût posée à un philosophe de la revue Philosophie par un enfant de 9 ans. Cette phrase me revient en tête très souvent, c'est comme la phrase « Être ou ne pas être, voilà la question », de William Shakespeare.