Cauchemar!

Cauchemar!

ven, 02/09/2022 - 07:22
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À toute vitesse, à peine réveillée, je filais à l’école avec mon sac plein de livres, mon manteau imperméable et à la main, une tranche de pain grillée pour déjeuner. 

Comme d’habitude, ma mère avait fait tinter la cloche près du poêle à trois reprises pour me sortir enfin du lit. Mes frères et sœurs étaient déjà en route sous un crachin automnal. 

Parvenue sur la rue principale, j’énumérais les façades des magasins : le magasin de meubles de tante Flora, le bureau d’assurance de son frère Émilien Bégin, la maison de tante Marie et l’oncle Joseph Nicol qui creusait des puits et fabriquait à cet effet des blocs ronds en ciment. 

Un peu plus loin, Charlemagne Gobeil, très ingénieux, avait équipé un camion de leviers hydrauliques munis d’un niveau pour transporter des maisons. 

En face de l’autre côté, vivaient Monsieur et Madame Alfred Breton, voisin de la forge de Monsieur Fortunat Dion. 

Chemin faisant, je continuais ma liste. Au coin, il y avait un café tenu par les deux sœurs Caron dans le même édifice que le garage Therrien. Suivait la menuiserie de portes et fenêtres de Monsieur Bizier. 

J’étais toute fière de passer devant le garage de mon oncle Adrien, Nicol Auto, vendeur de voitures où, dans le bureau, j’avais regardé la télévision pour la première fois. Il y avait beaucoup de neige à l’écran. 

Du côté est, on trouvait la boulangerie Vallières, la cordonnerie de Lucien Asselin et de son épouse Gastelle, la meunerie de Monsieur Eugène Labonté, la beurrerie Palmarolle, la forge de Monsieur Marcoux, la Coop (épicerie et quincaillerie) ainsi que la première Caisse Populaire au 2e étage. Enfin, le bureau de poste et la mercerie de Madame Fortin. 

Je passais devant toutes ces portes avant de traverser le pont pour me rendre l’école. Spontanément, en passant devant le presbytère et l’église, je déployais mes bras comme un oiseau ses ailes et j’avais l’impression de me soulever de terre et de voler. 

De ce pas, je rattrapai Yolande Côté, la plus brillante des élèves et j’entrai avec elle dans l’école et dans la classe. 

En ouvrant mon imperméable, oh horreur! J’avais dans ma hâte, oublié de m'habiller; j’étais toute nue… 

Sur ce, je me dressai dans mon lit. Ouf! quel cauchemar.