Capitaine Haddock revient sur la terre ferme

Capitaine Haddock revient sur la terre ferme

mar, 29/10/2019 - 19:39
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«Depuis près de 25 ans,  je  navigue sur la rivière Dagenais avec mon ponton et j’ai eu du plaisir à raconter sa riche histoire à mes nombreux passagers.»

Jean-Louis Labonté, alias capitaine Haddock

Il y a 24 ans, la remorque déposait délicatement Haddock sur la rivière Dagenais, au quai de Palmarolle. Dès lors, le célèbre ponton entamait une carrière qui allait durer près d’un quart de siècle et cumuler 2730 heures de navigation. Le printemps prochain ce seront les nouveaux propriétaires, Benoit Breton et sa conjointe Lucie Lefèbvre, qui le mettront à l’eau.

En 1995, Haddock fut le premier ponton (Boat House) à naviguer sur la rivière Dagenais. Acquis l’année d’avant, il ne ressemblait, à ce moment-là, en rien à celui d’aujourd’hui. De multiples modifications et rénovations y ont été effectuées au fil du temps notamment une passerelle de chaque côté, l’allongement des canots à l’arrière, le remplacement du moteur, l’installation d’un panneau solaire, et plus récemment, la rénovation de la toiture et l’ajout d’un troisième canot. La pose de puissants phares a en outre permit la navigation de nuit, particulièrement celles de pleine lune.

Pendant la saison estivale, le carnet de réservation était bien garni. Des groupes, des commerces locaux et des gens d’un peu partout au Québec ont nolisé Haddock et apprécié leurs balades sur la Dagenais dont le capitaine se faisait un plaisir de raconter la longue et riche histoire. Les passagers de l’extérieur de l’Abitibi rentraient chez-eux avec un tout autre point de vue de notre région. Sa famille et ses nombreux amis ont aussi profité de ses multiples invitations  à chaque été.

«Plusieurs de mes frères et sœurs sont nés sur ses bords, raconte avec fierté le capitaine   Haddock dont la terre jouxte la Dagenais. Moi j’y ai pêché durant toute mon enfance.»

En effet, Haddock connait l’histoire des berges de la Dagenais par cœur: ici les vestiges d’un moulin à scie, là la briquerie, en amont la première résidence de son père Josaphat ou celle d’Omer Tousignant. Et là-haut, les rapides, infranchissables. Chaque ruisseau se déversant dans la rivière a un nom : le cric à Mercier, le cric à Richard, le cric à Baptiste… Il peut aussi vous nommer le propriétaire, nouveau ou ancien,  de chacun des lots bordant la rivière.

Haddock a en outre navigué le lac Abitibi jusqu’à Twin Falls en Ontario. Un périple de plus de 100 kilomètres et 5 jours pour aller seulement. Il a aussi exploré la plupart des rivières alimentant le lac, notamment la Duparquet, la La Sarre, la Petite Ménard ainsi que la Okiko à La Reine.

Chose moins connue, Haddock se faisait un devoir de remorquer, pendant toutes ces années, les nombreux arbres tombés dans la rivière à chaque été et qui constituaient un danger pour la navigation.

 «Un ponton, c’est une deuxième maison à entretenir et  j’ai fais la navette entre les deux pendant toutes ces années.» 

Jeannine Roy, moussaillonne sur le Haddock

Après toutes ces années à mettre Haddock à l’eau à chaque printemps, naviguer la rivière et le lac Abitibi, remettre le ponton en cale sèche à l’automne et le nettoyer de fond en comble, remplacer les pièces défectueuses et effectuer les rénovations nécessaires, le capitaine et sa conjointe s’avouent, à terme, fatigués et un peu lassés.  Ils passent le flambeau aux nouveaux propriétaires qui, assurément, le porteront haut à leur tour.

Haddock change de main et de génération; néanmoins il demeurera sur la Dagenais. Benoit et Lucie l’amarreront au bout de leur terre au rang 8.

Haddock sillonnera-t-il la rivière pour un autre quart de siècle?