Vox populi ou vox pot-pourri...?

Vox populi ou vox pot-pourri...?

ven, 01/03/2019 - 15:30
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Les journalistes à la radio et surtout à la télé, à la suite de leur reportage, sortent dans la rue pour demander l’avis ou l’opinion de monsieur ou de madame Tout-le-Monde. Cela s’appelle un vox populi qui signifie voix du peuple, voix de «l’homme de la rue». Malheureusement cela se traduit trop souvent par un vox pot-pourri. Un pot-pourri c’est un mélange de choses, de sujets et parfois de chansons que l’on raboute les uns aux autres comme pour en faire un tout pas toujours harmonieux et sensé.

Quand j’entends le propos de certaines personnes, moi, le vieux Grincheux, je grince souvent des dents. On dirait que, aussitôt que certaines gens ont un micro sous le nez, il faut qu’elles chialent contre quelqu’un, contre une situation donnée, contre un groupe, etc. Ils deviennent soudain des experts dans un domaine, des spécialistes du sujet, des psychologues qui, eux, ont la ou les solutions… On trouve un fautif, on accuse le « gouvarnement», les fonctionnaires, les institutions, les «journalisses», etc.

La semaine dernière, un verglas soudain s’est abattu sur le Québec, dans la nuit. Les trottoirs se sont transformés en allées de curling. Dès huit heures un «porteur de micro» interrogeait les passants pour leur demander comment ils se débrouillaient pour réussir à marcher sur une telle surface. Eh bien ! une dame à demi habillée, grelottante, passait aussitôt à l’accusation: «Cossé que la ville fait ? Y’ont pas encore étendu d’abrasif, on paye des taxes pis on a dont pas de services.» Un autre Jos connaissant ajoutait à son tour: «Moé, si je serais à place du responsable, j’aurais fait passer les chenillettes plusse de bonne heure avec du sel.»  «Madame, Monsieur», à la place du reporter, je leur aurais répondu: «Chaussez vos bottes à crampons, regardez où vous marchez, attendez-vous pas d’avoir chacun un déglaceur et un épandeur d’abrasif consacré à la longueur du trottoir correspondant à celle de la devanture de votre maison… Il y a plus ou moins 10 000 kilomètres de trottoir à Montréal ; on ne peut pas les traiter tous dans la même heure, dans la même nuit, dans la même journée.»

La semaine d’avant, une dame âgée de 95 ans, pensionnaire d’une résidence pour personnes âgées, décédait d’hypothermie devant la porte de son établissement parmi les plus luxueux au Québec. Oh là! On a ressorti tous les clichés traitant de la maltraitance de nos aînés. Un paquet de paramètres ont contribué à ce malheureux accident et on ne peut minimiser la gravité de la chose, j’en conviens. La balade des micros a duré deux jours. Il fallait trouver des coupables: «Les propriétaires de cette maison étaient des profiteurs qui ne pensaient qu’à l’argent et qui ne traitaient pas leurs pensionnaires avec respect et dignité.» « Le gouvernement devrait faire des lois plus sévères pour surveiller ces maisons de retraite». «C’est la faute des pompiers qui auraient dû être là… C’est la faute des employés qui n’ont pas fait leur job». Et… mettez-en!

Dans le numéro de La Presse du 6 février on apprenait qu’un propriétaire de maisons de retraite de la Montérégie se préparait à étendre son réseau de maisons de retraités pour aînés au sud de la frontière, dans l’état de New York. Il n’avait eu aucune difficulté à obtenir les permis et les autorisations nécessaires car le représentant de l’état se disait heureux de cet investissement, compte tenu de la réputation d’excellence de ces maisons dans la province de Québec. Malheureusement, il n’y avait pas de reporter pour lui mettre un micro sous le nez… Cela n’a pas fait la une aux nouvelles de TVA.

Je suis un vieux chialeux mais, chers lecteurs, je ne suis pas pour autant un admirateur de tous les chialeux. Ce pot-pourri de critiques gratuites, ça m’enrage!