Comment, dans ce constat, ne pas tomber dans le piège? Comment ne pas devenir partie prenante de cette comédie, de cette mise en scène effrénée, construite de toutes pièces par un système avide de profits?

Mais voilà... nous sommes faibles. Nous choisissons le plus facile : Allez! Sors le cash! Qu'on en finisse! Les lumières, les paillettes, le chocolat, les belles voitures, les billets d'avion pour le Sud et quoi encore? On résiste avec peine ou on se laisse finalement emporter par la vague. Ah! Le bien paraître... où la majorité se perd. Cette fête ne sert-elle qu'à étaler nos avoirs sans égards pour nos êtres? Mais l'état du monde en crise, les changements climatiques, les problèmes sociaux qui crèvent les yeux, tout cela n'est-il pas suffisant pour nous faire réfléchir à ce qui compte vraiment?

Noël pourrait se résumer à des manœuvres hypocrites, à du semblant, à peu de choses finalement, jusqu'à perdre son sens profond, plus près de nous, de nos valeurs premières. Dans notre attitude, dans nos actes, nous nous révélons aux autres, plus que dans nos paroles. Alors, quand on nous dit : Pour moi, Noël, c'est d'abord la famille, le plaisir d'être ensemble autour d'une bonne table. Voyons comment cela se traduit dans les faits... On ne parle pas de cadeaux. Ils pourraient devenir aléatoires, sauf peut-être pour les enfants dont nous nous soucions davantage que des adultes et pour cause! On ne les privera pas du plaisir du déballage, mais permettons-nous plus de modestie. Les inonder de jouets alors qu'ils s'enfargent déjà dans ce qu'ils ont accumulé, ce n'est certes pas la meilleure manière de témoigner des valeurs que cette fête inspire encore. Suscitons chez eux la lecture, la créativité...

Le cadeau idéal devrait être riche de sens. Il y aurait un message dans cet objet choisi, avec en tête le souhait de voir, dans l'œil lumineux de celui ou celle à qui le cadeau se destine, le plaisir. Par sa nature, le cadeau parlerait du lien qui unit le donneur et le receveur. Les cadeaux bon débarras seraient exclus de cette démarche sincère. Le but n'étant pas de se donner bonne conscience.

Le cadeau fait main, conçu, créé par l'artisan(e) et artiste à ses heures, est chargé de sens. Il peut être de nature utilitaire ou simplement beau à regarder pour ce qu'il a à dire. Il peut être éphémère ou durable. Il peut résulter d'heures, de jours, de semaines de travail, mais il peut également ne vous prendre qu'une heure à la cuisine. Une fournée de bons biscuits pourrait disparaître en une soirée et quand même faire parler d'elle longtemps! Parfois, de très belles choses proviennent du recyclage de vêtements usés ayant appartenu à un être cher à votre cœur. Des détails, tressés dans un tapis aux couleurs de la personne vous parleront... c'est un exemple d'objet chargé de sens. Vous penserez aux heures que l'artisan(e) a pu consacrer à ce projet, au choix qu'il-elle a faits de vêtements désuets, au temps que lui a pris leur découpage en fines lanières, à l'agencement des couleurs choisies pour arriver à un résultat digne de redonner toute sa noblesse à un matériau enfin promis à une seconde vie utile. Dans son travail patient, l'artisan(e) fait l'éloge de la lenteur et mêle à ses gestes des pensées voyageuses vers un passé qui renaît sous ses yeux, dans le dessin que son labeur nous révèle. Les métiers d'art sont d'une richesse inouïe!

Un joli coussin peut naître d'un chandail troué. Et celui-là même à qui vous le destinez a aimé ce chandail. Il l'a porté jusqu'à le trouer. Vous en tirez parti aujourd'hui pour créer un objet de sens. Voilà comment pourrait se traduire notre attitude, en conformité avec nos valeurs, s'il nous importe toutefois de poursuivre dans le sens d'une renaissance, d'un retour prochain vers la lumière, le vrai sens de Noël.