Sans exagération, certains ont attendu 36 heures pour retrouver l'usage du courant. Personne n'est à blâmer dans cet exercice qui nous renvoie face à nous-mêmes, en quête d'idées pour combler le vide qui s'immisce dans nos vies... nous rappelant à quel point nous sommes vulnérables, ficelés à nos confortables habitudes.

Nous avons été gâtés par un été indien qui a duré dix jours sinon plus. De quoi nous ramener le hamac sous les arbres, terminer les récoltes dans les plus belles conditions possibles. Puis, soudainement, le vent a tourné et nous avons été précipités dans l'hiver, le vrai, le tranchant, le point de non-retour. Rien de vraiment dramatique, mais la surprise était totale... Pourtant, les petits séismes qui originent des soubresauts de la nature nous consolent un moment en nous offrant des visions paradoxales de beautés sans pareilles, à l'exemple de ces arbres, aulnes, bouleaux, peupliers faux trembles penchés lourdement vers la terre pour saluer, au point de se rompre, l'œuvre du verglas et ses effets sur la forêt...

Nous ressemblons parfois à ces arbres à genoux. Nous encaissons les coups durs. Certains d'entre nous ne se redresseront pas. Les temps sont impitoyables pour ceux dont la charge est trop lourde. Ils ploient sous le poids et cassent, faute d'appui. La crise existentielle se répand, humaine jusqu'au bout du rouleau compresseur. La beauté réside alors dans le courage de ceux et celles qui se relèvent, qui persévèrent et qui transcendent l'adversité. Les passages à vide sont riches d'enseignements édifiants pour qui avance les yeux ouverts, pourvu que nous ne nous résumions pas au confort et à l'indifférence, avec tous les enjeux environnementaux qui n'attendent que notre résolution du Nouvel An 2023.

Que nous reste-t-il après avoir installé nos pneus d'hiver, en termes d'espoir? Installer vite fait nos lumières de Noël! Prochain objectif à peine visible à l'œil nu mais néanmoins réel, qui s'impose à l'esprit comme pour contrer la déprime de la fin novembre. On est fait comme ça... on anticipe, on vit d'espoir, étape par étape. Donc, en espérant que le climat nous soit clément pour la suite, vivement les Fêtes! Qu'on se rapproche les uns des autres, ensembles, enfin pour sentir et ressentir, pour voir naître dans les yeux des uns et des autres l'émotion suscitée par la rencontre, entendre et écouter l'autre et être touché par l'autre en mal de chaleur humaine et enfin, goûter à la joie de vivre contagieuse de cette époque de l'année où la nuit voile les deux tiers du jour mais où la lumière joue le jeu pour effacer les ténèbres et nous bercer de sa chaleur...

Voilà bien sur quoi fonder nos espoirs. Nous sommes vivants parmi les vivants, à jouir de nos sens à travers toutes les expériences humaines, bonnes ou mauvaises qui croisent notre chemin.

Que décembre vous comble de tous ses bienfaits!