Saint-Pamphile

Saint-Pamphile

mer, 04/03/2020 - 08:18
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Saint-Pamphile, c’est le mot qui m’a d’abord agacé l’œil en lisant, en diagonale, l’édition du Journal Le Pont de Palmarolle de juin 1975, volume 1, numéro 2.

Quel affreux nom! Aurait-on idée aujourd’hui d’appeler un enfant Pamphile? Mais ce nom, je l’ai si souvent entendu de la bouche de mon père, originaire de l’Islet. C’est l’endroit où les bûcherons de son jeune âge traversaient la frontière des USA pour aller travailler dans les chantiers du Maine.

Pourquoi Saint-Pamphile dans Le Pont en 1975. On retrouve dans cette édition le nom de l’une des rédactrices aux pages 13,23 et 35, une dame pionnière de Palmarolle, madame Anne-Marie Cloutier. Que de fois parle-t-on dans nos livres souvenirs, dans l’histoire locale de ces « valeureux pionniers qui ont labouré le sol nourricier à l’ombre de leur clocher » ... et, continuez la marotte, vous l’avez entendue mille fois!

Mais quand parle-t’on vraiment de ces « valeureuses pionnières? » Moi j’en ai trouvé une, une vraie! Eh oui! elle était native de Saint-Pamphile de l’Islet. Après avoir été maîtresse d’école dans son village pendant trois ans, elle aboutit en Abitibi en 1922, trois avant que soit fondée la municipalité qui n’avait pas encore comme nom Palmarolle. Ce dont je vais vous parler dans ce texte, je le tire d’une interview réalisée par madame Antoinette Desharnais qui collaborait au journal Le Pont à cette époque, il y a 45 ans de cela. Comment se fait-il qu’une jeune fille instruite accoste à Palmarolle en 1922? Je me permets de dire accoste, car le seul chemin d’accès à ce territoire sauvage c’était les voies d’eau : Rivière La Sarre, Lac Abitibi puis rivière Dagenais comme dernier tronçon.

Son père, monsieur Saluste Cloutier devenu veuf en 1920 partit à l’aventure en Abitibi pour se porter acquéreur de lots en 1921. C’est en 1922 qu’il reviendra s’y établir avec ses quatre fils et ses cinq filles, dont Anne-Marie, l’aînée.

À la question : « Qu’est-ce que vous avez fait en arrivant ici? » Lisez cette réponse textuelle, d’une belle simplicité, teintée d’optimisme et même de poésie :

« C’était pendant les vacances pour moi, j’aidais mes sœurs. Le travail ne manquait pas, et, en plus des onze membres de notre famille, nous avions des pensionnaires. Il fallait faire l’entretien du camp, le lavage, le repassage, la couture, le raccommodage, la cuisson du pain, la préparation des repas, etc. J’étais l’aînée de la famille et parfois, lorsque nous avions le temps, nous allions avec les hommes travailler dehors : défricher, faire de l’abatis et cultiver un petit jardin. Il n’y avait pas de perte de temps! De plus, nous n’avions aucune commodité, pas d’électricité non plus. Ce qu’on voyait : du bois, de l’eau, le firmament et quelques camps au bord de la rivière. L’air était pur, tous dormaient très bien la nuit sur des lits de bois, de branches et de feuillage.»

Elle fut en septembre la première institutrice dans la maison de Félix Brousseau qui tenait lieu de première école. Elle y mentionne les noms de ses premiers élèves : Bégin, Brousseau, Couillard, Bernier, Cloutier et Richard.

Madame Cloutier a participé et s’est dévouée toute sa vie au service des Palmarollois. Elle fut secrétaire, présidente de plusieurs organismes dont Les Fermières, le Cercle Lacordaire, le Club Bon Temps et en surcroît elle avait le temps et le « talent » pour être journaliste au journal Le Pont.

Puis madame Desharnais, l’intervieweuse, dit dans cet article : « Je sais que vous avez écrit vos mémoires. Espérez-vous les publier un jour? » « Oui, je l’espère parce que j’aime beaucoup lire et écrire... »

C’est sur ces mots de cette grande dame que je conclue cet article, mais je vous laisse le soin ou la mission de retrouver ces précieuses « mémoires » si vous les connaissez. Quel trésor ce serait pour le Journal Le Pont de Palmarolle et comme références dans le cadre du 100e anniversaire qui s’en vient dans cinq ans.

NDLR — Dans les livres souvenirs et dans cette interview (comme c’était encore la coutume à cette époque) madame Cloutier était identifiée par le nom de son époux : Mme Stanislas Pelletier. Vous pouvez voir sa photo ainsi que celle de ses quatre filles à la page 336 du livre du 75e anniversaire de Palmarolle.