L'économie, l'économie...

L'économie, l'économie...

mer, 26/09/2018 - 09:25
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En ces temps de période pré-électorale on n’entend que cela, le mot « économie » revient à chaque discours de nos candidats. Moi, le vieux grincheux, je pensais que « économie » ça voulait dire : ménager, ramasser, mettre de côté de l’argent; ce doit être dû aux vestiges de l’éducation reçue dans mon enfance… Un candidat propose de l’air climatisé dans toutes les institutions, un autre de fournir gratuitement des lunchs à l’école pour tous les enfants, puis un troisième de doter tous les foyers d’accès à Internet par fibre optique, puis le quatrième, pour ne pas être en reste, promet de payer les frais de scolarité et le matériel scolaire de la maternelle à la fin de l’université. On dépensera des milliards de dollars pour, dit-on, le bonheur de tous les Québécois. On garrochera sur le territoire deux milliards pour le moins dépensier des partis allant jusqu’à onze milliards supplémentaires pour le plus  généreux.

Quand je pense que ma province a une dette de 205 milliards et que, rien qu’à moi, je dois 66 000 $, c’est pas tout à fait l’idée que je me fais de ce que j’appelais « économiser ». Quand j’étais enfant, mes frères et moi négligions de fermer les lumières et mon père nous chicanait, car disait-il, « vous dépensez de l’électricité pour rien, il faudrait vous habituer à économiser ». Rien n’y faisait, on laissait les lumières allumées après notre passage, dans les corridors, dans nos chambres, même à l’étable et dans la grange.

Mon père alors, pour nous apprendre à « économiser », nous proposa le marché suivant. Si l’on éteignait les lumières quand on n’en aurait plus besoin, on économiserait sur la facture « d’Hydro-Québec » et, la différence entre le montant du mois courant et le mois suivant, il nous la redistribuerait entre nous les quatre enfants. Nous sommes tombés d’accord immédiatement en croyant augmenter notre salaire hebdomadaire qui était de cinquante cents chacun.

L’appât du gain nous guida désormais, les interrupteurs se fermaient derrière nous, on ne les ouvrait pas si ce n’était pas absolument nécessaire pour  nos déplacements. On voulait tellement « économiser » que parfois même on y allait par tâtonnement au risque d’entrer en collision avec une poutre ou un poteau. Pour éclairer la grange, on devait compter sur une ampoule de 100 watts, c’était à l’époque une force maximum pour une seule unité d’éclairage. Je me souviens même, qu’avec mon jeune frère, on allait « débouler » le foin en bas du fenil à la noirceur pour éviter d’allumer ce gros globe si énergivore.

Mon père était bien fier de constater l’efficacité de son plan; plus aucune ampoule n’éclairait un endroit « inhabité » pendant plus d’un mois. Puis, trente-trois jours plus tard, le compte de la Coopérative d’électricité d’Abitibi-Ouest arriva. Nous étions tous fébriles, impatients et surtout curieux de voir quel pactole nos efforts nous rapporteraient. Ayant sorti le compte du mois précédent, mon père ouvrit l’enveloppe du dernier pour en vérifier le montant et surtout pour y constater l’énorme différence qu’il y aurait entre les deux. Le suspense ne dura pas très longtemps, on vit le visage de papa s’assombrir, il venait de constater que l’écart n’était que de trente-six cents…. Ce qui nous assombrit aussi le visage et tua  net notre enthousiasme en constatant qu’il nous revenait à chacun la somme mirobolante de neuf cents. Inutile de dire que tous les plafonniers, à partir de cet instant, ont connu des jours lumineux et les pièces, des jours et des nuits bien éclairés…

C’est sans doute une expérience comme celle-là qu’ont vécu nos politiciens pour nous présenter des projets « économiques » qui se traduisent en promesses de moins en moins « économiques ».