Tant de progrès… et pas de dettes ! (1e partie)

Tant de progrès… et pas de dettes ! (1e partie)

mar, 29/11/2022 - 08:42
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Dans une paroisse nouvelle, la construction est à l’ordre du jour. Tant de choses s’imposent. On ne s’étonne donc pas que le sujet revienne fréquemment sur le tapis.

À leur assemblée du 27 février 1927, les marguilliers de Palmarolle décident donc de bâtir un presbytère. Ils prient l’autorité diocésaine d’autoriser du même coup la dépense de $4,000 en deux ans et un emprunt de $500. Une souscription, qui a rapporté $1,000, et les recettes des deux premières années permettent de lancer l’entreprise sans un emprunt plus élevé. L’autorisation de l’évêque ne tarde pas.

À la même époque, soit du 20 février au 11 mars, l’abbé Halde fait sa première visite paroissiale. L’abbé Lalonde a cependant visité les familles une première fois l’année précédente. Dès le début le curé adopte la fin de l’hiver pour sa tournée parce qu’il est alors plus aisé de circuler étant donné l’absence de chemins d’été ou l’impraticabilité de ceux qui existent. La visite paroissiale se fera toujours à la même époque par la suite mais pour des raisons différentes.

Un événement qui se produit à Québec le 25 février contrarie les paroissiens de Palmarolle. Us apprennent en effet le décès de l’abbé Beauchamp, curé de Dupuy. Ce prêtre a fait beaucoup pour établir solidement en Abitibi l’agriculture, et principalement l’industrie laitière. Le curé et les colons de Palmarolle ont bénéficié largement de son expérience et de ses conseils; ils lui en sont reconnaissants.

Grâce au zèle et au talent de l’abbé Halde, la vie paroissiale se parfait normalement à Notre-Dame; elle est en plein essor. Aussi les fidèles sont nombreux pour adorer le Saint-Sacrement le Jeudi-Saint 14 avril. On retrouve parmi eux plusieurs noms connus: Héras Richard, Alphonse Leclerc, Salluste Cloutier, Pitre Tremblay, Raoul Gagnon, Félix Brousseau, Achille Boutin, Amédée Bernier, Adolphe et Alfred Paradis, Sylvio Bernier, Robert et Wenceslas Pelletier, Georges Tremblay.

Le 8 juin suivant, c’est la première communion solennelle des enfants: 20 garçons et 19 fillettes; le catéchisme a débuté le 16 mai. Vers le même temps, la chapelle est dotée d’un maître-autel très convenable grâce au tirage d’une montre offerte par Alphonse Leclerc. Cet autel sera plus tard, avec une statue du Sacré-Cœur, offert gratuitement à la nouvelle desserte du Rapide-Danseur. Le lendemain, ce sont les premiers exercices des quarante heures. Que de progrès en ce lieu où quelques années plus tôt c’était la forêt vierge !

Mais la vie d’une paroisse ne comporte pas que des événements heureux: les malheurs y occupent aussi une large place. Orner Tanguay le constate quand, dans la semaine du 12 mai, le feu rase ses bâtiments. La charité de ses coparoissiens se fait cependant très grande et lui est un réconfort. On fait une collecte pour l’aider. En honneur dans nos vieilles paroisses, cette coutume est aussi bien établie à Palmarolle.

Quand Mgr Khéaume arrive à Notre-Dame le 23 juin 1927, pour sa première visite pastorale, il est agréablement impressionné par les progrès qu’il y constate. Aussi termine-t-il son procès-verbal par ces lignes enthousiastes: « Cette paroisse, qui a un prêtre résidant depuis Je 1er juillet 1926 seulement, promet déjà de devenir une des belles paroisses de l’Abitibi. » L’évêque voit juste. A cette première visite Monseigneur a confirmé 72 garçons et filles.

Quelques jours plus tard, une tragédie jette le deuil dans Palmarolle: André Paradis, âgé de 23 ans, se noie à La Sarre. Toute la paroisse est à son service. D’autres noyades assombriront les jours des résidents de Notre-Dame. Ainsi le 2 juillet 1931 Gérard et Joseph, fils de Salluste Cloutier, âgés de 23 et 19 ans respectivement, sombrent dans la rivière Dagenais où ils se baignent trop tôt après avoir dîné. Double noyade encore dans la même rivière. Le 7 juin 1933: Wilfrid Brousseau et Arthur Boucher, âgés de 40 et 18 ans, perdent la vie quand leur canot chavire.

Puis d’autres vides se creuseront dans les familles de Palmarolle. Le 8 juin 1933, Josaphat Bégin, fils de Damase, décède presque subitement à l’Hôtel-Dieu de Lévis. Élève du Séminaire de Saint-Victor, il est âgé de 22 ans et 10 mois. Sa mort survient un an après celle de son frère Albéric (22 ans et 11 mois) décédé celui-là des suites d’un accident de tracteur à l’Ile Saint-Paul près de Montréal. Il a été inhumé à Palmarolle le 6 juin 1932. Non moins pénible est la mort de Mme Joseph Vachon (Malvina Gagnon), le 25 juillet 1933. Cette femme de 46 ans et 10 mois, qui a donné le jour à 26 enfants, s’est, comme tant d’autres mères canadiennes, usée tôt à la tâche.

Mais revenons au presbytère. Les corvées pour sa construction ont débuté dans la semaine du 26 juin 1927. Chaque colon donne une moyenne de quatre jours d’ouvrage. On fait si bien que le curé entre au début de novembre dans sa demeure. A Noël il y tient l’assemblée des marguilliers et Damase Bégin est élu pour remplacer Héras Richard. Le 15 janvier 1928, l’abbé Halde y fait aussi sa première reddition de comptes. Les recettes accumulées depuis la première souscription organisée par le curé de La Sarre se chiffrent à $4,757.86 tandis que les dépenses totalisent $4,835.64. Ce déficit de $78.08 n’est pas si mal pour une paroisse de colonisation débutante qui, entre autres améliorations, s’est donné un presbytère. Il faut dire aussi que les colons, à qui la vente du bois rapporte depuis 1925, se montrent très généreux envers leur Fabrique.

À suivre

Source : Gérard Ouellet, Hier à Palmarolle