L'aventure de la discothèque Isaza Bar Latin

L'aventure de la discothèque Isaza Bar Latin

jeu, 23/05/2024 - 09:59
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De plus en plus à l'aise dans mon nouveau domicile près de mon travail à Radio-Canada, je vois le quartier Centre-Sud se développer.

De nouveaux restaurants et des bars que je fréquentais : Les lilas et la Cuisse de V'lours. La propriétaire Nathalie Boivin-Cocque, une vrai « bleuet » du Saguenay Lac St-Jean y préparait les meilleures salades maisons du nom de Chicoutimi, Alma et Roberval. Je lui ai confié mon intérêt d'ouvrir aussi un restaurant, ce qu'elle me déconseilla. Cependant, elle me mit en relation avec des amis qui désiraient se départir d'un bar sur l'Avenue du Parc.

La musique latino me manquait : Salsa, Tango, Cumbia et Reggae. Plusieurs amis, agents de développement en Afrique et en Amérique du Sud m'en faisaient part à l'occasion. Avec mon ami Mario, je visitai le local du 5149 avenue du Parc. Il était à l'étage au-dessus de la pharmacie Schneider avec 23 marches à monter, ce qui représentait un avantage égal à un portier. Les pièces se répartissaient comme suit: vestibule à l'entrée pour le vestiaire, un grand salon double en angle qui serait la place idéale pour la piste de danse, sur le corridor, 3 salles de bain, et tout au bout s'ouvrait la partie bar. C'était idéal, comme l'appartement que j'avais sur la rue de l'Épée pour faire des "partys". La pièce du bar était la préféré du ceux qui était là pour causer avec seulement les échos de la musique qui venaient du salon double où était la foule éperdue de musique. Il ne restait qu'à bâtir la console pour le ou la disc jokey et une autre salle de bain pour répondre à l'autorisation de capacité. Je leur ai acheté les articles de bar, le piano, les installations du vestiaire et avec l'accord de la propriétaire, elle me cèderait le bail commercial pour la même somme de 400$ par mois. En attendant l'émission du permis d'alcool, j'ai trouvé les chaises, les pieds de table et construis les dessus de table à partir d'allées de quille coupées en carré. J'ai trouvé des éléments de décors dans les centres de récupération d'architecture: vitraux, éclairage chaleureux, tissus inspirés d'images Incas et j'ai peint quelques tableaux décoratifs rappelant des sujets du Sud.

J'ouvrai en janvier 1980 et j'avais une bonne équipe dont certain avaient participé au voyage en Amérique du Sud: Pablo et Michou, d'autre après la fermeture du restaurant la Cuisse de V'lours, Luc et Monique se sont joints au bar et en salle. À la maintenance de jour: Michel, à la musique: Denis, Jojo et Roberto. Comme portier: Angelo, Raphaël, Juan et un bon comptable: Paul.

Un bar, c'est avant tout le monde. Tous les jours de 21h à 3h, nous accueillons des gens du voyage, des médias, du développement, de la culture et comme beaucoup de nos clients immigrant ils n'avaient pas leur famille ici, donc le bar Isaza l'était. Nous les recevions à Noël et au jour de l'An, nous fêtions aussi le Mardi Gras avec des décors et un buffet. "Les Tamtams du Mont-Royal" donnait un spectacle le lundi, chaque semaine jusqu'au jour où nous dérangions le sommeil de nos voisins résidentiel selon la police.

La bar Isaza était recommandé et "incontournable" selon le Guide du Routard. Plusieurs de nos clients arrivaient directement de Paris, de l'Afrique ou de l'Amérique du Sud. Plusieurs aussi sont devenu des amis et de nos amis, nos clients: la grande vadrouilleuse Francine Grimaldi, Dany Laferrière qui relatait ces fréquentations au Isaza Bar Latin dans son livre: « Comment faire l'amour avec un « nègre » sans se fatiguer ». Serge Bouchereau, Tom Hopkins peintre, Aube Bellefleur, Paule Lévesque, Robert Audet, Huguette Vachon et dont certains venaient de Palmarolle : Éliane Théberge, Michèle Châteauvert et non le moindre, Arthur Drouin... Le secret professionnel m'impose de taire les autres.

Graphiste à Radio-Canada, chargée de cour à l'UQUAM et l'UQUO, le bar Isaza, tout ce travail, c'est ce qu'il faut pour guérir d'une peine d'amour.

J'ai vendu le bar en 1986. Il a été en opération avec la nouvelle propriétaire jusqu'en 1999.