Un jour, ma mère m'offrit un soutien-gorge. J'avais 12 ans et à peine pouvais-je voir un semblant d'une « chique de gomme » comme indice d'un début de poitrine. Je portais alors cet attelage qui me rendait mal à l'aise et qui faisait de moi une jeune femme. Ma mère était inquiète et voulait sans doute me protéger de certain vieux monsieurs prédateurs qui, à l'hiver de 1952, se promenaient en traineau chauffé tiré par un cheval, et qui invitaient les étudiantes qui revenaient de l'école à y monter pour se « réchauffer ». On nous disait que s'il nous arrivait quelque mauvaise aventure, évidemment sans nous dire quoi, ce serait toujours notre faute.

Les femmes Afghanes doivent aussi se faire dire la même chose si elles ne portent pas leur burka afin de les effacer de la place publique. Car en revêtant ces choses, la brassière ou la burka, cela nous permettaient de camoufler ce que nous devions cacher aux regards masculins. Heureusement, j'ai découvert les léotards que portent les danseuses de ballet. Souples, ils ne gênent aucun mouvement.

Comme ma mère, longtemps je préférais coudre mes vêtements notamment dessiner ma robe de mariée-mini de couleur rose et de dessiner le costume de mon mari: veste au col mao, rayé noir et blanc.

Mon ex-époux adorait magasiner. Chaque samedi, c'était le rituel du lèche-vitrine. J'ai aimé durant un certain temps, car pendant mes études aux Beaux-Arts de Québec, je n'avais pas les moyens de le faire. Un jour j'en ai eu assez! Au 8ème étage du magasin Eaton, je l'avertis que c'était la dernière fois...Que de souvenirs!

Aujourd'hui, je ne magasine pas, je fréquente les friperies par fantaisie, j'achète toujours mes voitures d'occasions, même ma Citroën. Donc, je mets en pratique les conseils de monsieur McSween : « En as-tu vraiment besoin ? »

En ce temps où l'on nous incite à magasiner pour Noël, j'essayerai de faire plaisir par des invitations au restaurant ou à la maison, à fréquenter quelques expositions ou par le don de quelques livres achetés en librairie locale.

(Titre tiré d'une chanson des Trois accords)