Charlemagne, roi de l’invention!
Charlemagne, ce grand roi de France dont on dit qu’il avait inventé l’école est mort en 814, on dit aussi qu’il était un génie militaire et un homme doté de multiples talents...
Charlemagne, ce grand roi de France dont on dit qu’il avait inventé l’école est mort en 814, on dit aussi qu’il était un génie militaire et un homme doté de multiples talents.
Palmarolle a aussi connu son « Charlemagne », un génie de la mécanique, de l’hydraulique, inventeur et créateur d’outils et de véhicules spécialisés. Monsieur Gilles Fortier, notre Sherlock Holmes des trouvailles au journal Le Pont, nous offre un court texte sur l’une des créations de M. Charlemagne Gobeil : un super camion d’entretien de chemins d’hiver de même que plusieurs photos de véhicules au travail. Nous allons donc y donner suite en élaborant davantage sur les faits marquants et surtout sur l’ensemble des réalisations techniques de cet ancien citoyen de Palmarolle.
Le Journal Le Pont de Palmarolle s’est rendu à la rencontre de l’un de ses précieux collaborateurs de l’époque, le responsable d’une grande partie des opérations de Entreprises Gobeil : monsieur Denis Nicol. Ce dernier ayant été à l’emploi de la compagnie pendant plus de 20 ans nous a fourni une foule de renseignements et d’anecdotes sur la carrière de « Charly », comme l’appelaient ses concitoyens, ses nombreux clients, fournisseurs, collaborateurs et employés.
La carrière de monsieur Gobeil a débuté par l’achat d’un garage situé à l’endroit où est érigée aujourd’hui la caisse populaire. Comme tous les garages de l’époque, il offrait des services de réparation, de vente et d’entretien de véhicules automobiles, de même qu’un poste d’essence. Mais, notre nouveau garagiste avait de plus grandes ambitions, il commença à faire du transport par camion, puis à modifier ses camions pour en faire des chasse-neige, puis il soumissionna des contrats de déneigement auprès des municipalités et du gouvernement et, grâce aux bons services qu’il offrait, ces contrats se renouvelèrent d’une année à l’autre.
Cette expansion des activités fit en sorte que le garage et l’espace au centre du village étaient devenus trop exigus, il fallait donc s’installer dans un endroit et dans un bâtiment plus spacieux. Charly engagea donc une firme pour déménager sa bâtisse à l’extrémité du village, au bout de la deuxième avenue Ouest, ce qui était à l’époque en dehors des limites du village... puis suivirent plusieurs agrandissements, selon les besoins qui augmentaient au rythme des projets qui se succédaient, qui se bousculaient dans la tête de notre héro d’aujourd’hui.
Quand Charly voyait une machine ou un véhicule quelconque, il se disait : « Moi, je ferais mieux que cela! » C’est ainsi qu’après avoir vu les équipements de l’entrepreneur qui avait fait le déménagement de son garage, il décida que lui aussi il serait capable de faire du transport de bâtiments, mais avec des moyens beaucoup plus perfectionnés et plus efficaces. Il se mit dont en frais de construire un véhicule à cet effet. Il élaborait ses plans la nuit et, le matin, il arrivait au garage et demandait à ses hommes de les réaliser. Après un an de construction, de modifications et d’ajouts, sortirent du garage un camion et un fardier tout à fait révolutionnaires. C’était un chef-d’oeuve d’hydraulique. Des cylindres qui levaient, qui poussaient de gauche à droite, qui basculaient, qui tiraient, qui ancraient la charge au sol pour pousser le tracteur en avant dans un premier temps et retirer la charge en un deuxième temps. Monsieur Nicol nous a même montré des photos où on levait la maison pour passer au-dessus des garde-fous d’un pont trop étroit ou pour laisser doubler des autos attardées par le convoi. Nous avons aussi pu voir des images du transport d’une grange de 125 pieds de longueur sur 40 pieds de largeur (40 mètres sur 13 mètres) sur une distance de plus de 30 kilomètres sur le chemin public. Cette aventure de transport de bâtisses s’est échelonnée pendant plus de 20 ans.
Toutefois, comme Charly avait de la suite dans les idées, mais pas de limite dans ses projets, il décida donc de ne pas se contenter de transporter des maisons, mais de les construire lui-même pour pouvoir les livrer d’un seul bloc et les déposer sur leurs fondations en une seule opération. C’est donc à La Sarre qu’il établit son usine de maisons préfabriquées, composée d’immenses bâtiments, achetés d’une compagnie minière, qu’il transporta lui-même sur place pour y installer une chaîne de montage. Au plus fort de la production, Denis Nicol nous assura qu’il pouvait charger une maison complète sur son fardier le matin, la livrer à Val-d’Or, l’installer définitivement sur son solage et être de retour à La Sarre pour l’heure du souper.
Avec tous les témoignages que nous avons recueillis, nous pourrions consacrer un numéro complet du journal Le Pont à vous raconter les exploits et les trésors d’imagination de Charlemagne Gobeil, tellement il a marqué l’histoire de Palmarolle. Nous ne pouvons pas cependant nous contenter de parler de ses réalisations sans souligner les traits de caractère de notre homme. Les témoignages reçus de ses ex-employés, de ses collaborateurs du temps concordent tous pour décrire Charly comme un homme honnête, travailleur acharné, inventif, ambitieux, mais peut-être trop rêveur, il n’arrivait jamais à tout réaliser ses projets, il en avait trop... Ses hommes l’ont aussi décrit comme un boss compréhensif et respectueux. Sa bonne humeur, caractérisée par son visage jovial et son rire sonore, le suivait toujours. Monsieur Charlemagne Gobeil nous a quittés en 1976, à l’âge de 50 ans, non sans avoir laissé sa marque à Palmarolle, en Abitibi tout entier, à la Baie-James et même en Ontario.
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