Expédition 51°, la nature sauvage plein la vue

Expédition 51°, la nature sauvage plein la vue

ven, 29/09/2023 - 08:53
Posted in:
1 comment

Expédition 51°, ça vous dit quelque chose? Moi non plus, du moins jusqu’à ce que je consulte le site touristique de la Côte-Nord.

Non ce n’est pas la route 138 dont le long ruban longeant le fleuve se termine à Kégaska en Basse-Côte-Nord au kilomètre 1420… Il s’agit plutôt de la route Trans-Labrador qui relie Baie-Comeau à Fermont en passant par Manic 5, puis entrant sur le territoire de Terre-Neuve à Labrador City, continue vers Churchill, Goose bay pour se terminer à Blanc Sablon, et ce sur 1700 kilomètres. Expédition 51° parce qu’une bonne partie de cette route se situe en haut du 51e parallèle. Et pour une expédition, c’en est toute une car les signes de civilisation y sont plutôt rares!

L’idée de ce Road Trip en véhicule récréatif m’est venue l’hiver dernier en parcourant cet route sur Google et en lisant des commentaires élogieux sur les paysages à couper le souffle qui bornent ce long ruban. Et le printemps dernier, ma conjointe et moi on s’est dit : Go on y va! Et rendu au bout de la Trans-Labrador, à Blanc-Sablon, nous avions projeté de traverser à l’ile de Terre-Neuve, puis en Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick pour finalement rentrer au Québec et à la maison. Une escapade de plus de 8000 kilomètres.

Il fallut deux jours et demi (je ne roule pas vite et j’arrête souvent) pour franchir les 1100 kilomètres séparant Palmarolle de Baie-Comeau où débute la route Trans-Labrador (389). De là nous avons atteint Manic 5 en un peu plus de deux heures, malheureusement sous la pluie, nous privant des paysages et mobilisant toute notre attention sur cette route louvoyante présentant des courbes serrées.

Le mythique barrage hydroélectrique Manic 5 est un arrêt obligé. Des centaines de touristes font l’aller-retour à chaque été pour le visiter. La visite guidée de cette architecture unique au monde dure deux heures, est impressionnante et demeure inoubliable. Quand on sort de là, on ne peut que s’émerveiller devant le génie québécois qui, au début des années ’60, a conçu une œuvre pareille, connue dans le monde entier.

En quittant Manic 5 pour Fermont à 350 km plus haut, deux tronçons de gravier de 107 et de 65 km nous attendaient. La route était en piètre état à cause de fortes pluies qui persistaient depuis plus d’une semaine. Route de bouette parsemée de nids de poules! C’était comme si une pluie de météorites avait bombardé la route. Je rappelle que le caillou de 5 km de diamètre créant l’immense lac Manicouagan a frappé là il y a 214 millions d’années!

Le VR a louvoyé à 55 km/heure sur ces deux tronçons pour ne pas perdre de morceaux. La bonne nouvelle, c’est que cette route 389 devrait être complètement asphaltée d’ici quelques années. La bruine persistante nous a malheureusement empêché de contempler le réservoir Manicouagan à notre gauche ainsi que les vertigineux monts Groulx à droite. À mi-chemin, au relais Gabriel, l’unique station d’essence entre Manic 5 et Fermont affichait $2.48 le litre. Fallut quand même faire le plein au cas où…

Voici enfin Fermont, ville de 2500 habitants, renommée pour son fameux mur de 1,3 kilomètre sur 25 mètres de haut, et abritant 344 logements. En plus protéger la ville des forts vents d’hiver, s’y trouve en son centre et à l’abri tous les services publics incluant l’épicerie, restaurant et bistrot, la piscine et l’aréna, bref tout ce dont la population a besoin. Seules la station-service et la caserne de pompiers sont à l’extérieur.

Vingt-cinq kilomètres plus loin, nous pénétrons dans Terre-Neuve-Labrador et entrons à Labrador City, ville d’environ 10 000 habitants. Avec Happy Valley-Goose Bay, ce sont les deux seuls endroit d’importance sur les derniers 1 000 kilomètres nous séparant de Blanc-Sablon. Heureusement ces 1 000 km sont asphaltés d’un bout à l’autre. Et quelles belles conditions routières, que je cote 11 sur 10! Quelqu’un a écrit à propos de cette route qu’on a l’impression de rouler sur un nuage. Je confirme!

Malgré l’état de la partie gravière au Québec, cette Trans-Labrador mérite d’être explorée, ne serait-ce que pour ses paysages qui diffèrent à tout moment, passant des montagnes verdoyantes aux plateaux arides parsemés de mousse de caribou et d’étangs. À Manic 5, des gens m’ont demandé si j’avais des pneus de rechange et des bidons d’essence. Je vous confirme que ce n’est pas nécessaire; suffit d’être bien chaussé. J’y ai croisé plusieurs caravanes ainsi que des motos. Seules ces dernières doivent prévoir une réserve d’essence. La plus longue distance entre deux stations est d’environ 450 km.

Pour les amateurs de nature sauvage, la route Trans-Labrador est toute désignée. Je l’ai entamée avec un peu d’anxiété mais le tout s’est rapidement estompé. Des campings, des dépanneurs et des aires de repos sont disponibles à différents endroits et le site Internet ioverlander est un excellent guide pour les services de base.