Pourquoi suis-je inspiré par le modèle nu?

Pourquoi suis-je inspiré par le modèle nu?

mer, 24/05/2023 - 07:06
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La nudité, pour la plupart des gens, est réservée à des moments intimes. Ce qui fait qu'on conclut d'emblée au sexe et à l'érotisme.

D'autres aspects sont à considérés, que la sensualité fait partie de la vie, que la condition humaine sans aucun artifice est humblement ce passage que nous faisons dans ce relais qu'est la vie.

La présence d'un modèle nu n'est pas seulement sensuel, érotique ou selon sa condition, misérable. Chaque modèle apporte sa personnalité. À l'Université du Québec à Montréal, j'avais dans ma classe la présence émouvante de Murray, un modèle très maigre. Il me touchait particulièrement, à la suite de la lecture du livre que Jean Clair a consacré au peintre Zoran Music. Cet artiste a réalisé ses dessins dans les camps de concentration Allemand de 1939 à 1945 ¹.  À partir de ses compagnons d'infortunes et de ceux morts, empilés comme des bûches dans la cour du camp, à ce moment-là, le corps nous inspire et nous suggère tout autre chose que la "galipette".

Cet épisode m'a rappelé qu'à l'âge de 12 ans, je dessinais des squelettes. Est-ce que je traversais une période macabre où de recherche scientifique? Je voulais comprendre la structure du corps soit humain ou animal. J'avais trouvé par hasard le squelette d'un oiseau. Un peu plus tard, j'ai cherché le squelette des chats que nous avions enterré près des saules. J'ai même été à l'orée du bois où M. Clément avait abattu " le Prince" (cheval). En extrapolant, j'imaginais en plus grand, la même structure pour les vaches, etc. Plus tard, j'ai pu acheter une encyclopédie de l'anatomie humaine et animale comparée pour me rendre compte de la ressemblance de notre structure ². J'avais demandé à Réjean Aubin, à son abattoir, de me procurer des têtes de vaches avec des cornes. J'ai pu dépecer et faire bouillir ces crânes de vaches, les dessiner et en faire plus tard des tableaux en hommage à la peintre Américaine Goergia O'Keefe dont les sujets étaient des carcasses de bêtes dans des dunes désertiques de l'ouest américain.

Dans ma salle de cour de dessin, j'avais le squelette Oscar qui permettait à mes élèves de travailler les proportions et les structures du corps humain. Cette "grammaire visuelle" nous permettait de bien équilibrer les personnages dans leurs mouvements et dans leurs attitudes pour réaliser nos illustrations de livres, des portraits à la cour lors de procès et les B-D, etc.

Sans insister sur le réalisme du sujet, la stylisation, la rupture, la brisure est plus forte lorsque nous la pratiquons en toute connaissance d'une formation classique. Forcer l'image, dramatiser les mises en scène, on peut appeler cela le vraisemblable.

1) Zoran Music, Nous ne sommes pas les derniers. Auteur: Jean Clair

2) Encyclopédie comparer: Homme et animal.