D'ici une cinquantaine de jours, les bourgeons se gonfleront, pressés d'éclore dans l'espoir de répondre à la lumière bleue du satellite naturel de la terre d'une part, puis de s'épanouir dans la luminosité rayonnante de l'astre du jour d'autre part. Ils déploieront ce vert si tendre, exercé depuis des millénaires à la captation de la photosynthèse à qui nous devons en quelque sorte, la vie sur cette terre! Quelle chance inouïe nous avons de vivre et d'évoluer sur cette prodigue planète!

En cette deuxième moitié du mois de mars, puisqu'au moment d'écrire ces lignes, nous sommes au seuil de la nouvelle lune et que le moment des semis arrive à grands pas, les préparatifs vont bon train pour préparer la nouvelle saison du jardinage. Nous y voilà! Encore que certains ne prêtent aucune crédibilité aux incitatifs de la lune à son ascendant à l'égard de l'effet de leur impact sur le règne végétal, nous savons depuis des lustres qu'elle influence tout ce qui est vivant, dans la mesure où toutes les conditions idéales sont réunies et maintenues avec force vigilance par le jardinier.

Allons-y donc et semons en début avril, pendant qu'il est encore temps – la lune est pleine le six - les semences qui dorment enveloppées dans l'ombre depuis des mois, pour les ramener à la vie et favoriser leur épanouissement jusqu'à ce qu'à leur tour, elles donnent la vie... Car la nature est ainsi faite qu'elle avance en boucle et multiplie ses bienfaits au profit de tous. Les semis partis tôt au printemps auront tôt fait de prospérer, de prendre de l'ampleur grâce aux bons soins prodigués en termes de contenants adéquats propices à la prolifération de racines et, une fois au jardin, de prendre encore de l'expansion, de s'épanouir, de porter nombre de fleurs, d'exploser littéralement, d'embellir l'environnement, et ces mêmes plantes de susciter la gratitude du jardinier, en droit de considérer tant son travail assidu que sa récompense et ceci, dans un même regard... Avec le soleil et la pluie comme alliés, le bonheur est à portée de main.

Ainsi, l'on peut redonner toute la symbolique qui s'y rattache à ce simple geste de faire ses semis au printemps, à ce réflexe fidèle de célébrer annuellement le retour de la belle saison. Cette symbolique est fondée en toute légitimité sur l'espoir, celui du renouveau. Ce geste de persistance le printemps venu signifie beaucoup de choses : il témoigne d'une animation soudaine, mais réfléchie. Il faut y voir une intention, la nécessité de s'inclure, de s'associer à la nature en éveil, de participer, d'entrer dans la danse et de vibrer avec le vivant pour mieux vivre le moment présent dans une ode à la beauté de la vie qui bat. Car tout bouge d'un jour à l'autre et évolue au rythme changeant des saisons qui se succèdent.

Votre promenade au jardin de bon matin vous comble inévitablement. Vous en tirez tout l'élan que vous cherchiez en vous-même au lever du lit pour traverser la journée qui vous attend en découvrant la rose éclose et bientôt sa suite, dans les vagues de floraisons colorées. Un autre matin, une douce brise vous remplit soudain plein les narines d'un parfum que votre souvenir avait gardé précieusement en mémoire. Vous accueillez ce baume et ne pouvez réprimer l'envie de vous en enivrer longuement. Ce parfum vous transforme et vous soulève de gratitude. Voilà le jardin aux délices qui se révèle chaque jour différent, réservant ses merveilleuses surprises pour les jours gris où vos humeurs fluctuent...

Vous ne sauriez mieux cultiver la joie qu'en jardinant!