Les Lapointe à l’école anglaise

Les Lapointe à l’école anglaise

mer, 29/03/2023 - 16:38
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L’été est terminé, il fallut commencer à se préparer pour l’école. J’étais nerveuse parce que je savais que tout serait en anglais.

Mes cousins et cousines seraient dans une école complètement différente de la nôtre.  Après avoir passé un bel été avec eux-autres, la réalité prenait place. Une nouvelle expérience commençait.

C’est seulement quand on est arrivés à l’école, qu’on a appris où on irait.   Marjolaine resterait à cette école mais Lise et moi on devait prendre un autobus pour se rendre à l’autre bout de la ville. Quant à Claude, il serait dans une autre école parce qu’il avait 14 ans. Il pouvait marcher de chez-nous jusqu’à son école. Michel irait à la maternelle catholique dirigée par des religieuses.  Les deux jumeaux d’oncle Gérard seraient aussi à cette école. Mario n’avait que 3 ans mais ma tante Carmen a su convaincre les religieuses de le prendre quand même parce que maman et papa devaient travailler et on n’avait personne pour prendre soin de lui. Les religieuses parlaient aussi le français, ce qui aidait Mario et Michel. D’ailleurs, à l’automne, les religieuses avaient dit à maman qu’elles n’avaient plus besoin de répéter en français pour Michel. L’anglais s’apprend vite quand on est jeune.

Lise et moi on était correctes parce qu’on allait à la même école mais pour notre pauvre petite Marjolaine c’était une autre histoire. En plus, si je ne me trompe pas, elle nous avait dit que quand elle est venue pour manger ses sandwiches le midi, il y avait des petites fourmis dans sa boite à lunch.  L’autobus qui nous conduisait à notre école revenait à l’école de Marjolaine plus tard. Ca fait qu’elle devait marcher seule à la maison. Son école était clôturée tout le tour avec plusieurs portes de sorties qui donnaient sur les rues autour de l’école. Quand Marjolaine est sortie de l’école, elle a pris la mauvaise porte de sortie. Elle ne reconnaissait pas la rue et ne savait plus quel bord prendre. Ça a juste adonné que maman et Tante Germaine, qui revenaient du travail, avaient pris cette rue. Elles ont vu Marjolaine sur le trottoir qui pleurait. J’ai même envie de pleurer juste à écrire cette histoire.  Pauvre petite sœur! Elles sont reparties à l’école avec Marjolaine pour lui montrer par quelle porte de sortie elle devait prendre pour retourner chez-nous. isons que ça ne commençait pas bien l’année pour elle.

Lorsque je suis arrivée dans ma classe, j’ai appris qu’il y avait treize élèves qui venaient du Nouveau-Brunswick. Ils étaient tous bilingues. Wow! Quel soulagement! Je me sentais moins perdue. Ils m’aidaient quand je ne comprenais pas ce que disait le professeur. De temps en temps, il fallait lire à tour de rôle. Quand c’était mon tour et que je finissais de lire, le professeur et les élèves applaudissaient. C’est certain que je n’avais pas la bonne prononciation pour plusieurs mots mais quand même ils voulaient m’encourager. Quand j’entendais des applaudissements venir de la classe voisine, je savais que Lise venait de lire à son tour. C’est tellement de bons souvenirs! se m’a dit que quand elle allait au tableau pour les mathématiques, ils applaudissaient aussi quand elle avait la bonne réponse.  Ce n’est pas trop compliqué pourtant des chiffres que ce soit anglais ou français… 

A notre école, on avait droit à un diner chaud à tous les midis. Mes parents devaient payer 25 cents par jour par enfant et l’état du Massachussetts payait la différence. Moi, qui n’aimait pas les oignons du tout, j’ai vite appris à en manger parce qu’il y en avait dans la nourriture. La seule chose que je ne mangeais pas c’étaient les épinards cuits. Je trouvais que ça ressemblait à un gros tas de foin détrempé. Le garçon derrière moi me demandait de les lui donner.  Ouf!  Bon débarras!  

A la récréation, on pratiquait comme cheerleaders. Je ne parlais presque pas anglais et je n’avais aucune idée de ce que je disais mais je suivais les autres filles. Je me rappelle qu’on disait « Salt & Pepper, Salt & Pepper, Shake, Shake, Shake ».  Au moins cette phrase là je pouvais la dire! Haha!   Une fois, pendant qu’on était à la récréation, une fille m’a demandé de tenir son pot de verre pendant qu’elle cherchait des insectes. Il y avait du foin dans le cruchon. Par curiosité, je me suis mise à regarder autour du pot pour voir ce qu’il y avait. Tout d’un coup j’ai vu une petite couleuvre qui grimpait par-dessus le foin.  J’ai lâché un cri de mort et le pot est tombé par terre. Heureusement qu’il ne s’est pas cassé. La fille n’était pas contente mais que veux-tu? Je pensais mourir drette là!  Il y avait juste de la vitre qui séparait ma main de la couleuvre. Je pense que c’est vraiment à cet instant que j’ai commencé à avoir une phobie des reptiles. Bon, parlons de choses moins stressantes si je ne veux pas faire des cauchemars ce soir.

À suivre