Les Lapointe aux USA (suite)

Les Lapointe aux USA (suite)

ven, 24/02/2023 - 15:42
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Un mois plus tard, on déménageait dans l’immeuble à trois étages que mon oncle Arthur avait construit. Il nous louait l’appartement au premier plancher qui avait trois grandes chambres à coucher, deux salons ainsi qu’un portique vitré en avant.  C’était parfait pour notre famille de huit.

Durant l’été, on allait au Moose Lake avec tante Germaine, mon oncle Wilfred et leurs enfants Jeannot, Linda et Josée. Souvent, en se rendant au lac, on arrêtait sur le bord du chemin pour acheter des épis de blé d’inde frais.  Maman et ma tante les faisaient cuire sur le poêle à gaz pendant qu’on se baignait. D’autres fois, c’était un GROS chaudron de Rice-A-Roni qui était très populaire aux Etats-Unis mais qu’on ne connaissait pas au Canada. Que ce soient des hot-dogs, des hamburgers ou quoi que ce soit, c’était toujours bon!

C’est dans ce lac que ma cousine Linda m’a appris à nager. Une fois, on s’est rendu jusqu’au radeau qui était un peu plus loin. On était tous debout sur le radeau quand tout à coup un des côtés a levé dans les airs parce qu’on était trop de jeunes sur le même bord. Je suis tombée à l’eau et je me suis retrouvée sous le radeau.  Je commençais à paniquer quand Linda m’a pris par le bras pour me sortir de là.  J’avais eu la peur de ma vie et je ne suis jamais retournée sur ce radeau.

Une autre fois on est retourné au Moose Lake pour le pique-nique de l’été.  Il y avait plein d’activités pour tout le monde. Ma cousine Linda et moi on a décidé d’y participer. Linda avait choisi de grimper un poteau de fer qui avait été graissé avec de la vaseline. Le but était de grimper le poteau pour aller chercher une piastre sur le dessus du poteau. Elle s’est retrouvée avec les jambes et les bras pleins de vaseline mais pas de piastre.  Pour ma part, j’avais décidé de participer au concours de tartes aux bleuets. Il fallait s’asseoir, mettre nos mains dans le dos et manger la tarte aux bleuets qui était en avant de nous autres. J’ai terminé avec la face toute bleue sans gagner. J’ai couru dans le lac pour me laver au plus vite!  C’est certain que je ne pouvais pas gagner, je venais de manger cinq hot-dogs avant la compétition.  Toutefois la tarte était succulente même avec le ventre trop plein!    

Un jour, on a eu la surprise de notre vie!  Mon oncle Gérard avait décidé de nous amener à la mer à Hampton Beach qui est sur l’océan Atlantique.  Tante Carmen avait préparé un gros pique-nique pour tout le monde. On considérait mon oncle Gérard riche parce qu’il était soudeur et il possédait un gros bloc appartements de trois étages qu’il avait acheté et rénové lui-même. Ils avaient l’air climatisé dans la maison et il conduisait un convertible durant ses journées de congé.  Pour se rendre à la mer, j’étais dans le décapotable de mon oncle Gérard avec papa mais je ne me souviens plus des autres enfants. Le toit était ouvert car il faisait super beau! Pour une jeune fille de 13 ans, c’est un beau souvenir inoubliable!  On a passé une superbe journée à se baigner dans la mer.  Je pense qu’on a tous bien dormi ce soir-là. Depuis mon enfance, quand on allait visiter notre parenté aux USA, on allait souvent faire un tour à la mer. Quand on vient de l’Abitibi, c’est tout un évènement!

Durant tout l’été, pendant que maman et papa travaillaient, c’est moi qui m’occupais des plus jeunes avec mon frère Claude qui m’aidait. J’avais 13 ans et Claude en avait 14. Je cuisinais aussi les repas et je faisais le ménage.   On n’avait pas de laveuse et ni de sécheuse à la maison. Donc il fallait aller à la buanderie. Je me rappelle qu’un jour je suis partie avec mon gros panier de linge pour aller faire le lavage. Pendant que j’étais là à surveiller ma laveuse, un couple de Portoricains est arrivé. La femme avait mis de l’argent dans la laveuse mais ça ne marchait pas. Elle avait perdu son 25 cents. Le mari tout fâché a sorti un couteau et l’a mis sous le menton de sa femme en criant. Je ne sais pas si vous le savez, mais je suis sortie de la buanderie à toute vitesse pour retourner chez-nous. Quand maman est revenue du travail, je lui ai dit ce qui s’était passé et que le linge était encore là-bas. Elle est venue avec moi pour finir le lavage. J’avais eu tellement peur!

Quand on marchait sur la rue pour se rendre à l’école, on pouvait voir tous les Portoricains assis sur leur galerie pour nous regarder passer. Je n’aimais pas ça parce que souvent les gars sifflaient après nous autres. Pour dire bien franchement, les Noirs et les Portoricains me faisaient peur dans ce temps-là. N’oubliez-pas qu’en Abitibi tout le monde était blanc.  

Un beau dimanche matin d’été, tante Germaine est arrivée chez-nous pour venir nous chercher pour aller à l’église qui n’était pas très loin. La messe était en français dans cette église parce qu’il y avait beaucoup de français venus du Nouveau-Brunswick qui vivaient à Leominster. En arrivant chez-nous, elle trouvait ça bizarre qu’il n’y avait pas de va et vient dans la maison.  Aussitôt qu’elle est entrée, elle pouvait sentir le gaz propane. Un des boutons du poêle était ouvert et le gaz s’échappait par là. Le pilote faisait défaut. Elle a ouvert la porte extérieure et toutes les fenêtres pour éventer les pièces. Puis elle a fait le tour pour nous réveiller. Sans elle, on serait tous morts dans nos lits.

À suivre