La petite chapelle (1e partie)

La petite chapelle (1e partie)

jeu, 22/12/2022 - 08:26
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Je suis Gérard Lebel, fils de Pierre. Dans le cours de littérature québécoise au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue en 1982, je devais écrire une histoire, un conte.  Fier de mon village et curieux d’un de ses lieux mythiques, je suis allé rencontrer Madame Flora Lapointe pour me raconter son histoire de « La petite Chapelle » qu’elle a créé de toute pièce avec beaucoup de détermination.  Ainsi, c’est tout au long de ce texte que je vous partage son récit qu’elle m’a généreusement raconté. 

Flora Lapointe, née Flora Bégin en 1904, dans le village de Sainte-Germaine Dorchester, a grandi dans une famille de 12 enfants.  Flora appréciait l’école, d’abord dans le village puis à Saint-Damien où les religieuses avaient pris le relais de l’enseignement.  Elle appréciait particulièrement les enseignements religieux étant déjà très croyante puisque qu’à la maison, la prière était récitée matin et soir en plus d’assister régulièrement aux services religieux à l’église du village.  Flora appréciait l’enseignement des religieuses qui, toutefois, ne laissaient pas de passe-droit et punissaient l’élève qui l’avait bien mérité.   Elle était cependant une élève plutôt docile, habituée à la discipline à la maison car avec 12 enfants à élever, il fallait que chacun fasse sa part. 

Toute jeune, Flora voulait devenir religieuse.  Toutefois, en mai 1918, à l’âge de 14 ans, son père la retira de l’école après sa 4ème année scolaire pour soutenir la famille.  Elle travaillait alors comme cuisinière sur des lots agricoles à 5 milles du village.  Ne pouvant plus recevoir l’éducation nécessaire, son rêve de devenir religieuse s’était envolé.  C’est alors que quelques jours plus tard, un événement extraordinaire se produisit. 

Le dernier samedi du mois de mai 1918, Flora se rendait, comme d’habitude, à l’office religieux du mois de Marie.  Dès son entrée dans l’église, elle entendit chanter.  Elle croyait alors qu’il s’agissait de la chorale du village mais une fois assise sur le banc d’église, elle prit conscience qu’il s’agissait d’une toute autre voix.  Ce chant était d’une grande beauté, envoutant, pieu.  Il s’agissait évidemment de la voix même de la Sainte-Vierge.  Elle n’avait jamais entendu un chant d’une telle beauté qu’elle n’a malheureusement plus entendu par la suite.  Le lendemain matin, Flora se présenta au couvent et demanda aux religieuses un livre de prière à la Vierge Marie.  Ce livre est alors devenu sa source de prière tout au long de sa vie.  Elle récitait son rosaire chaque jour.  Toute sa pensée était tournée vers Marie en qui elle mettait toute sa confiance. 

C’est en 1921, alors que Flora était âgée de 17 ans, que la famille de Damasse Bégin, père de Flora, déménagea en Abitibi au bord de la rivière Dagenais.  Lieu qui, en 1926, allait devenir la paroisse de Palmarolle.  Ainsi, la famille Damasse Bégin est parmi les fondateurs de la paroisse.  Flora aimait la forêt abitibienne.  Elle se sentait à sa place, admirant les belles terres, le grand lac Abitibi et ses multiples îles.  Quatre ans plus tard, elle rencontre Arthur Lapointe avec qui elle se marie.  Arthur avait acquis une terre qu’il fallait toutefois défricher.   Flora, énergique, positive et confiante du soutien de la Vierge Marie, aida Arthur au déboisement.  Arthur abattait les arbres et elle brûlait le bois.  Parfois, c’est elle-même qui dirigeait le cheval afin d’arracher les souches d’arbres laissées afin de préparer le terrain à la culture.  Flora vécue de belles années, toujours dans la prière à la Sainte-Vierge et a donné naissance à huit enfants.  (À suivre)

Auteur Gérard Lebel à Pierre