Les Îles-de-la-Madeleine connaissaient des jours sombres au début des années 1940 : chômage, manque de bois de chauffage, accès difficile au charbon. Les hivers rigoureux devenaient de moins en moins supportables, au point de pousser certains Madelinots à envisager l’exil.

On peut sortir un Madelinot de son ile, mais on ne peut pas priver un Madelinot d’une ile. L’Île Nepawa était toute désignée pour cette migration. C’est en Abitibi que ces 27 familles acceptent de déménager sur des terres prétendument fertiles de l'île Nepawa, près de La Sarre. « À leur arrivée sur place, ils ont découvert une tout autre réalité », raconte Céline Lafrance, qui a fait paraître un livre et réalisé un documentaire sur le sujet.

Une fois arrivés sur place, après un long trajet en bateau, en train et en chaland, les Madelinots ont eu la mauvaise surprise de constater que les terres n’étaient pas vraiment défrichées, et que les belles maisons que leur avait promis le gouvernement n’étaient en vérité que de vulgaires cabanes en bois rond. « Ces maisons n’avaient pas été habitées depuis des années, explique Céline Lafrance, et plusieurs d’entre elles étaient remplies de foin. »

Néanmoins, la majorité de ces familles, notamment des Arsenault, des Poirier et des Vigneault, sont restées et se sont établies en Abitibi. Elles ont contribué à peupler la région. Ces fiers descendants d’Acadiens déportés de leur patrie en 1755 par les Britanniques sont venu perpétuer leur nom, leurs coutumes et leur résilience en Abitibi.

Un phare de l’artiste abitibien Jacques Baril est en place avec les noms des familles. L’œuvre constitue un élément important du volet éducatif et touristique à l’île Nepawa.

Le projet a été initié par le Comité des sports de l’Île Nepawa ainsi que par Martin Deschamps, lui-même descendant de colons madelinots.

La conseillère en communications du comité, Bénédict Deschamps, indique que l’événement inaugural a attiré plus de 350 personnes.

L’Île Nepawa fait présentement partie de la municipalité de Clerval, elle-même localisée dans la MRC d’Abitibi-Ouest.

¹ Certains pensent que Nepawa, d'origine amérindienne, signifierait « où l'on campe en passant », tandis que d'autres y voient plutôt le sens de « grande île ». Les Algonquins de Pikogan, de leur côté, parlent de Cibanago Minitig, c'est-à-dire, « l'île située en dessous ».