Cantons, paroisses, municipalités?

Cantons, paroisses, municipalités?

sam, 30/05/2020 - 14:39
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J’étais à Montréal l’an dernier à un congrès de l’Association des médias écrits communautaires du Québec (AMECQ), représentant le Journal Le Pont de Palmarolle.

Après avoir lu mon nom sur ma cocarde, une Montréalaise aperçut le mot  Palmarolle. Elle me demanda où se situait cette municipalité dont elle entendait le nom pour la première fois. Je lui répondis que c’était dans la province de Québec, en Abitibi. Devant sa mine béate, je dus d’abord lui expliquer où se trouvait l’Abitibi. Par la suite, elle ajouta un commentaire de son cru : « Vous avez des drôles de noms pour vos municipalités, n’est-ce pas là que l’on trouve un endroit appelé Macamic? Ça sonne un peu baroque je trouve... »

Eh oui, madame, dans ma  région nous avons beaucoup de municipalités qui portent des appellations bien différentes des autres municipalités au Québec. Elles sont souvent baptisées selon leur positionnement géographique, selon le nom d’un pionnier, de son fondateur, d’un homme politique, d’un personnage historique et heureusement, souvent en aura conservé son appellation amérindienne. C’est le cas de Macamic, Harricana, Kanasuta, Kinojevis, Kipawa et Opemican.

Cette façon de faire nous a permis d’éviter la litanie des saints et des saintes qui baptisent plus de 50 p. cent de nos municipalités. Ces dénominations n’ont aucune signification, ne sont rattachées à aucun fait ou personnage historique, n’ont aucune analogie avec le milieu où elles sont situées ou avec la population qu’elles abritent.

Dans La Belle Province nous retrouvons douze endroits portant le nom de Sainte-Anne, cinq de Saint-André, neuf de Saint-Jean et tutti quanti... ce qui nous évite d’avoir des désignations aussi affreuses que Sainte-Épiphane, Saint-Liboire, Saint-Polycarpe, Saint-Agapit. Oseriez-vous affubler un enfant d’un tel patronyme? Eh bien, on l’a fait pour des entités municipales.

En Abitibi, la plupart de nos municipalités ont emprunté le nom du canton dans lequel s’étendait la plus grande partie de son territoire. C’est le cas de Palmarolle, de La Sarre, de Duparquet, de Roquemaure. Plusieurs appellations sont tirées des noms des officiers (42) des sept régiments du marquis de Montcalm : La Reine, La Sarre, Royal-Roussillon, Languedoc, Guyenne, Berry et Bearn.

En 1898, l’Abitibi fut détachée des Territoires du Nord-Ouest pour être rattachée à la province de Québec. Douze années plus tard, on entreprit d’arpenter ce nouveau et immense territoire pour le diviser en cantons. Ces sous-divisions s’exprimaient en mesures anglaises : pieds, verges, miles (mille terrestre international).  Elles mesuraient dix milles sur dix milles (voir l’illustration cadastrale ci-annexée).

Quant aux municipalités, elles peuvent couvrir un canton au complet ou le partager avec une ou deux autres. C’est ainsi que l’on retrouvera une partie de Sainte-Germaine, de Colombourg (maintenant Macamic) et de Gallichan dans le canton Palmarolle. Par contre, certains cantons de l’Abitibi-Ouest n’englobent aucune municipalité, au complet : les cantons Ligneris, Hébécourt et Aiguebelle (partie nord A-O).

En ce qui a trait aux paroisses, terme que l’on confond souvent avec les municipalités, ce sont des entités ecclésiastiques, religieuses, dont l’administration ne relève pas d’un conseil municipal, mais d’un conseil de fabrique formé de marguillières et de marguilliers. Certaines municipalités ont adopté le patronyme de la paroisse comme nom de la municipalité, c’est le cas de notre voisine Sainte-Germaine, l’une des seules à conserver l’appellation de sainte en région.

La coutume veut cependant que les citoyens de la région continuent à nommer quelques municipalités par le patronyme de la paroisse, c’est le cas de Poularies que certains nomment encore Sainte-Rose et Gallichan, Saint-Laurent. On n’emploiera plus les mots : Sainte-Claire pour Colombourg ou Saint-Bruno pour Rapide-Danseur comme autrefois. La toponymie est une science qui change, mais aussi qui évolue. Les curés n’ont plus droit au chapitre des affaires municipales de même que les mairesses ou maires n’ont pas à mettre leur nez dans les affaires de la fabrique comme autrefois Séraphin et le curé Labelle.

Revenons aux cantons pour dire que ceux-ci sont divisés en rangs portant les numéros I (un) étant au sud jusqu’à X (10) au nord, tous d’orientation ouest-est. Ces rangs sont divisés en parcelles de cent acres (des lots), allant de 1 à 62 (le lot 1 étant à l’ouest et le lot 62, à l’est). Ce qui au total donne entre 550 et 600 lots par canton.

Attention cependant pour ne pas confondre le comté Abitibi-Ouest tel que montré sur le cadastre ci-inclus et la circonscription électorale d’Abitibi-Ouest qui, elle, est beaucoup plus vaste. En effet, outre les municipalités d’Abitibi-Ouest, elle englobe Amos et les municipalités limitrophes.

Votre Journal n’a pas comme but de vous offrir un cours de géographie régionale par cet article, mais plutôt d’éclaircir certaines notions ou sujets de toutes ces divisions territoriales de notre milieu.